Le 16 septembre prochain, Florence et Alexis Godart passeront de nouveau devant les juges. Mais cette fois-ci en appel. Suite à leur relaxe en mars dernier par le tribunal correctionnel de Rennes, le procureur a fait appel. Ce couple de Boisgervilly (Ille-et-Vilaine) sera donc de nouveau jugé pour ne pas avoir scolarisé leurs filles Mélina, bientôt 6 ans, et Allissa, bientôt 11 ans. « Nous sommes rentrés en désobéissance civile à la rentrée 2022 quand notre plus jeune fille aurait pu entrer en maternelle, explique Florence Godart, la mère. La loi avait changé, nous avons refusé de remplir la demande d’autorisation du rectorat. C’est une restriction de notre liberté d’instruction. Cela met en danger nos valeurs. Notre aînée n’est jamais allée à l’école. Nous avions fait une simple déclaration, cela nous paraissait normal. Elle bénéficiait d’une autorisation de plein droit valable deux ans. Nous refusons la demande d’autorisation. »

En rentrant en « désobéissance civile », les époux Godart ont enclenché la machine judiciaire. En mai 2023, ils ont été convoqués à la gendarmerie de Montauban-de-Bretagne. « Devant les enquêteurs, on a détaillé toutes les activités que nos filles suivaient pour être instruites, les méthodes pédagogiques que nous appliquions pour leur permettre d’apprendre autrement. Nos filles voient du monde, elles ne sont pas enfermées dans une école. On respecte leurs rythmes et leurs besoins… Sur Eduscol, il y a les attendus de fin de cycle. Cela fait des points de repère. On vise le socle commun attendu par tout le monde à 16 ans. » Le couple est passé au tribunal en janvier 2025. La décision a été rendue en mars : relaxe.

Surprise

« On a été très surpris car c’est notre unique relaxe sur la dizaine de familles traînées devant un tribunal en France », souffle Caroline, cheville ouvrière de l’association Enfance libre qui milite pour un retour au régime déclaratif pour l’instruction en famille.

Le procureur a fait appel. Les époux Godart devront de nouveau expliquer les bases de leur instruction devant un tribunal. « Mes filles ont de nombreuses amies qui sont scolarisées, leurs cousins aussi sont scolarisés. Elles font de la danse, de la gym, bientôt du tir à l’arc, de la couture… On rencontre de nombreuses familles qui, comme nous, ont choisi d’instruire leur enfant en famille. Pour nous, l’instruction en famille est une liberté fondamentale qui ne peut pas être soumise à une autorisation arbitraire. La diversité éducative doit faire partie d’une démocratie. »