Le chef du gouvernement britannique, Keir Starmer, en difficulté sur de nombreux fronts, a remanié son exécutif vendredi 5 septembre dans la foulée de la démission de sa vice-Première ministre, Angela Rayner, contrainte de quitter ses fonctions après une erreur fiscale.
Aux postes clés, la ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, devient ministre des Affaires étrangères, succédant à David Lammy, qui prend la Justice et devient vice-Premier ministre en remplacement d’Angela Rayner. Le très sensible portefeuille de l’Intérieur (Home Office) revient à Shabana Mahmood, jusqu’ici ministre de la Justice.
Ces changements, qui relèvent surtout d’un jeu de chaises musicales, interviennent plus d’un an après l’arrivée au pouvoir des travaillistes. Le Labour est aujourd’hui à la peine, dépassé dans les sondages par le parti anti-immigration de Nigel Farage, Reform UK.
La chute d’Angela Rayner
La démission d’Angela Rayner, figure de l’aile gauche du Labour et numéro deux du parti, est un coup dur pour Keir Starmer. Elle a reconnu avoir « sous-payé un impôt » lors de l’achat de son logement. Outre trois départs, douze ministres ont changé de poste : Pat McFadden devient ministre du Travail, et Peter Kyle prend le Commerce, deux portefeuilles stratégiques alors que le gouvernement tente de relancer l’économie. La ministre des Finances, Rachel Reeves, critiquée depuis des mois, conserve pour sa part son poste.
Cette réorganisation « en profondeur » est « un signe clair du fait que le Premier ministre reconnaît que les résultats du gouvernement travailliste au cours de sa première année ont été insatisfaisants », a commenté Patrick Diamond, ancien conseiller à Downing Street. Mais selon lui, « les répercussions de la démission d’Angela Rayner, notamment l’élection d’un nouveau vice-président du parti travailliste, pourraient bien créer de nouvelles turbulences ».
Âgée de 45 ans, Angela Rayner avait saisi elle-même le conseiller en éthique du gouvernement, qui a conclu qu’elle avait « enfreint le code » de conduite ministérielle. Dans sa lettre de démission adressée à Keir Starmer, elle a dit « profondément regretter (sa propre) décision de ne pas avoir recherché des conseils fiscaux spécialisés supplémentaires » et assumer « l’entière responsabilité de cette erreur ».
« Compte tenu des conclusions et de l’impact sur ma famille, j’ai donc décidé de démissionner », a-t-elle poursuivi. Dans sa réponse, Keir Starmer, « très attristé », a assuré qu’elle demeurerait « une figure majeure » du Labour.
Réactions politiques
La cheffe de l’opposition conservatrice Kemi Badenoch s’est réjouie sur X de voir Angela Rayner « enfin partie », accusant Keir Starmer de « faiblesse ». Le chef de Reform UK, Nigel Farage, a dénoncé « un gouvernement qui, malgré toutes ses promesses de mener une politique nouvelle et différente, est aussi mauvais, voire pire, que celui qui l’a précédé ».
Angela Rayner avait expliqué mercredi à Sky News : « Je pensais avoir tout fait correctement. Je suis effondrée parce que j’ai toujours respecté les règles. » Le conseiller éthique Laurie Magnus a estimé qu’elle avait agi « de bonne foi », mais devait être tenue pour responsable, « comme tout contribuable ».
Issue d’un milieu modeste, souvent ciblée par la presse conservatrice, Angela Rayner a quitté l’école sans diplôme, est devenue mère célibataire à 16 ans, puis s’est engagée dans le syndicalisme avant d’accéder aux responsabilités politiques.
Le gouvernement travailliste reste confronté à une forte impopularité et à des divisions internes, dans un contexte budgétaire difficile. Mi-juillet, il avait dû reculer face à une fronde d’un tiers des députés travaillistes opposés à sa réforme de la protection sociale, afin d’éviter une défaite humiliante au Parlement.