Ces derniers jours, déterminés à lutter contre le trafic de drogue, au point de classer certains groupes criminels qui s’y livrent parmi les organisations terroristes, comme le cartel mexicain de Sinaloa et le gang vénézuélien Tren de Aragua, les États-Unis ont renforcé leur présence militaire dans les Caraïbes en y envoyant sept navires de surface, un sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] ainsi que des avions de patrouille maritime P-8A Poseidon et des drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance]. Et cela en s’appuyant sur Porto Rico.
Ce déploiement est vu comme une menace par Nicolas Maduro, le président vénézuélien, d’autant plus que Washington le considère comme un « narcoterroriste » pour ses liens avec le Cartel de los Soles et le Tren de Aragua. Aussi soupçonne-t-il les États-Unis de vouloir renverser son régime en lançant une opération militaire.
En attendant, le 2 septembre, un « Amphibious Ready Group », formé par les navires d’assaut amphibie USS Iwo Jima [avec des chasseurs-bombardiers AV-8B Harrier II à son bord], USS San Antonio et USS Fort Lauderdale, a lancé un exercice au large de Porto Rico, avec environ 2 000 Marines de la 22nd Marine Expeditionary Unit [MEU].
Puis, vingt-quatre heures plus tard, les États-Unis ont fait savoir, sans s’attarder sur les détails, qu’ils venaient d’effectuer une frappe contre une embarcation partie du Venezuela avec onze « narcoterroristes » présumés à bord.
« Vous voulez vous lancer dans le trafic de drogue ? Les temps ont changé. Nous sommes dans une nouvelle ère. Ces onze trafiquants de drogue ne sont plus parmi nous, ce qui envoie un message très clair : les États-Unis ne vont pas tolérer ce type d’activité », a déclaré Pete Hegseth, le chef du Pentagone, à l’antenne de Fox News. « Nous savions exactement qui se trouvait dans ce bateau. Nous savions exactement ce qu’ils faisaient, et nous savions exactement qui ils représentaient : c’était le Tren de Aragua », a-t-il ensuite précisé.
À Caracas, le ministre de la Communication et de l’Information, Freddy Ñáñez, a curieusement réagi en affirmant que la vidéo de la frappe produite par les autorités américaines avait été « réalisée grâce à l’intelligence artificielle ».
Est-ce une réponse à l’embarcation coulée par les forces américaines ? Toujours est-il que, le 4 septembre, deux F-16 armés des forces aériennes vénézuéliennes ont effectué une démonstration de force en survolant le destroyer USS Jason Dunham, lequel naviguait, selon le Pentagone, dans les eaux internationales.
Aucun détail supplémentaire n’a été donné sur cet incident. Via un communiqué diffusé sur le réseau social X, le Pentagone a toutefois mis en garde Caracas contre toute escalade. « Il est fortement conseillé au cartel dirigeant le Venezuela de ne pas mener d’autres actions visant à […] interférer avec les opérations de lutte contre le trafic de drogue et le terrorisme conduites par les forces américaines », a-t-il affirmé.
— Department of Defense 🇺🇸 (@DeptofDefense) September 5, 2025
Quoi qu’il en soit, le renforcement de la posture militaire américaine dans les Caraïbes n’est pas terminé. Pour le moment, il n’est pas question d’y envoyer un groupe aéronaval… D’ailleurs, ce ne serait pas forcément utile puisque Porto Rico est situé à environ 1 000 km de Caracas.
En revanche, selon l’agence Reuters, le Pentagone a l’intention de déployer dix chasseurs-bombardiers F-35A sur l’île, afin de « mener des opérations contre des organisations narcoterroristes désignées comme telles et opérant dans le sud des Caraïbes », aux dires de deux sources « proches du dossier ». Ces appareils devraient arriver dans la zone d’ici la fin de la semaine prochaine.