Par
Nicolas Zaugra
Publié le
19 avr. 2025 à 7h38
C’est le projet phare des écologistes à Lyon : le réaménagement de la rive droite du Rhône sur la Presqu’île dont les travaux ont débuté. D’ici 2030, Grégory Doucet et Bruno Bernard veulent réduire massivement le trafic automobile de transit, végétaliser et apaiser en s’inspirant de la rive gauche en face réalisée par Gérard Collomb. Pour l’instant, le projet n’est qu’au début avec les chantiers de réseaux souterrains.
Un avis de la mission régionale d’autorité environnementale Auvergne-Rhône-Alpe (MRAe) a été publié fin janvier. Passé inaperçu, il exprime quelques réserves et critiques adressées à la Métropole de Lyon. Le document vise à « améliorer la conception du projet, ainsi que l’information du public et sa participation à l’élaboration des décisions qui s’y rapportent ». Voici ce qu’il contient.
« Mieux justifier les hypothèses d’évolution du trafic »
Dans la synthèse de son avis, l’administration demande à la Métropole de « mieux justifier les hypothèses d’évolution du trafic » qui seront complètement chamboulées avec la réduction des voies de circulation automobile.
Le rapport préconise aussi « d’approfondir l’étude des impacts du projet en matière d’émissions acoustiques et de qualité de l’air sur les secteurs de report de trafic (transitoires pendant les travaux et pérennes à leur issue) » ou encore de prévoir « une meilleure insertion de la voie cyclable lyonnaise n°1 et du corridor de bus (ligne 60) sur le carrefour pont Gallieni / quai Claude Bernard ».
Anticiper la coordination des travaux
La MRAe suggère également « d’affiner la quantification de l’impact positif en termes d’émissions de gaz à effet de serre en intégrant une estimation des reports à une échelle élargie ».
En clair, d’être plus précis sur les effets de la réduction du trafic automobile et de leur impact sur les autres zones de la métropole lyonnaise voire de l’agglomération.
Sujet sensible depuis le début du mandat des écologistes, le rapport suggère aussi « d’anticiper la coordination des travaux des différents projets, afin de réduire les impacts pour les riverains et usagers, et d’en assurer une large information. »
La future terrasse devant la place Antonin Poncet. (©Alma Studio)Quels reports de trafic ailleurs dans Lyon ?
Mettre fin à l’autoroute urbaine qui traverse Lyon aura pour conséquence des reports de trafic ailleurs dans la ville, note le rapport.
D’abord, il s’intéresse aux baisses de trafic estimées sur la rive droite en se basant sur le nombre de voies réduites dans le projet présenté.
Dans le sens nord-sud :
- sur le quai au niveau de la passerelle du Collège : environ 830 véhicules en moins à l’heure de pointe du matin (- 48 %) et 750 véhicules de moins le soir (- 50 %)
- sur le tronçon de sortie de ville Université – Gallieni, le plus impacté : une diminution de la capacité viaire qui nécessite de reporter environ 1 000 véhicules/heure entre 2023 et 2030, en heure de pointe du matin et du soir.
dans le sens sud-nord :
- sur le quai au niveau du carrefour Hôtel Dieu : environ – 720 véhicules le matin (- 47 %) et – 530 véhicules le soir (- 40 %)
- sur le tronçon Tassigny – Morand et le tronçon d’entrée de ville Université – Gallieni les plus impactés : une diminution de la capacité viaire qui nécessite de reporter environ 400 à 500 véhicules/ heure entre 2023 et 2030, en heure de pointe matin et soir.
Des reports de circulation « supportables » avec quelques exceptions
Selon la mission régionale, le réseau routier « serait en capacité d’absorber les reports d’itinéraires engendrés par le projet à horizon 2030, sauf en heure de pointe du matin au niveau du sud du quai Rive Gauche du Rhône (Claude Bernard) et du cours de la Liberté.
L’essentiel des reports de flux de circulation sera supporté par l’échangeur de Perrache, le tunnel de la Croix-Rousse, le périphérique nord, les quais de Saône vers Perrache, la M7 et le périphérique.
L’Autorité environnementale recommande de mieux justifier les éléments conduisant à retenir la réduction projetée du trafic automobile pour 2030 en particulier sur la Presqu’île, en apportant des éléments précis sur la tendance observée et sur la contribution à cette hypothèse des modifications apportées au plan de circulation et de stationnement automobiles, à l’offre de transports en commun et de modes actifs.
La carte du report de trafic engendré par le projet de rive droite du Rhône. (©DR)Des mises en garde sur la pollution
Autre point de vigilance pour la mission régionale d’autorité environnementale : les risques de pollution.
« Les conclusions des analyses indiquent la présence d’hydrocarbures, de métaux lourds, d’anomalies en fractions solubles et/ou sulfates et de pollutions concentrées en hydrocarbure », peut-on lire dans le document.
« Au regard de ces résultats, la compatibilité des sites pour lesquels des pollutions résiduelles ont été identifiées doit être confirmée avec les usages projetés et en particulier les usages récréatifs de type promenade, sport, espaces de jeux pour les enfants et adolescents », selon le rapport.
Il existe un risque d’exposition pour les populations, et particulièrement pour les jeunes enfants qui cumulent les voies et potentiellement les durées d’expositions possibles (inhalation, cutanée et ingestion), d’autant que l’exposition simultanée à diverses pollutions accroît le risque.
Des études complémentaires sont prévues. Les travaux de réseaux se poursuivent encore ce printemps 2025 au moins jusqu’à l’été. Les premiers travaux de surface pourraient démarrer d’ici la rentrée ou l’automne. Une première phase espérée terminée avant les élections de 2026 semble improbable. La première étape concerne la zone entre le pont Wilson et la passerelle du Collège (entre Cordeliers et l’Hôtel-Dieu).
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