“Pour être plus libre, connais-toi toi-même”, disent-ils. Pourtant, avec le temps, l’entreprise se révèle assez décevante. Sur Amazon, il y a plus de 100 000 ouvrages de développement personnel – s’améliorer n’est visiblement pas notre fort. De la même manière que les bas-fonds de Whitechapel et les salons victoriens étaient les deux faces d’une même médaille, il faut examiner ce rayon de librairie pour comprendre, en creux, cette époque qui a certes beaucoup à offrir, mais qui nous en demande trop.
À chaque obsession ses injonctions : comment attirer la richesse tout en dépensant sans compter ? Devenir savant en ne lisant que la quatrième de couverture des livres. Je surmonte mon anxiété (sans renoncer à mes deux litres de café quotidiens)… Ces ouvrages remplissent sans doute aussi peu leurs promesses qu’un guide de l’allemand sans peine. Mais ils ont le mérite d’illustrer, non pas tant notre volonté de nous dépasser, que nos difficultés à le faire.
Nous avons tous, de temps à autre, des prises de conscience. Ça m’est arrivé, l’autre jour, alors que j’arrivais en retard à un rendez-vous. “Comment est-ce possible ? me suis-je dit. J’ai 44 ans. Cela fait trente-cinq ans que j’essaie de m’améliorer : être plus efficace, moins distrait, plus aimable… ou plus ponctuel. Et donc ? De