“Le moins que l’on puisse dire, c’est que, contrairement aux signes de faiblesse affichés ces derniers mois, la Commission [européenne] ” a, cette fois-ci, “décidé de frapper un gros coup”, note Le Soir.
Ignorant les ultimatums de Donald Trump, Bruxelles a finalement infligé vendredi 5 septembre une amende de 2,95 milliards d’euros à Google. La Commission européenne a sanctionné le géant américain de la Tech pour avoir abusé de sa position dominante dans le secteur de la publicité en ligne. Le géant de la Silicon Valley a réagi en critiquant la décision de l’UE et entend la contester devant les tribunaux.
“Le revers pour Google est spectaculaire ; et l’amende salée”, remarque Le Soir qui qualifie la décision européenne de “coup de massue”. Le quotidien belge rappelle que cette “sanction est l’aboutissement d’une enquête de quatre ans à la suite d’une plainte déposée par le Conseil européen des éditeurs”.
La Commission estime que Google favorise depuis 2014 ses propres services de technologie de publicité en ligne au détriment de ses rivaux. Elle a ordonné vendredi à Google de mettre fin à ses pratiques d’autoréférencement et de prendre des mesures pour mettre fin aux conflits d’intérêts inhérents. L’entreprise a désormais 60 jours pour informer Bruxelles de la manière dont elle entend se conformer à cette injonction.
Un choix “politiquement explosif”
Pour la Süddeutsche Zeitung, cette amende est un choix “politiquement explosif”. “Le risque politique qui accompagne désormais cette sanction finale est d’autant plus grand” que le président américain Donald Trump se fait aujourd’hui “ouvertement le défenseur des entreprises technologiques”.
La réaction du locataire de la Maison-Blanche ne s’est d’ailleurs pas fait attendre : furieux, il a menacé Bruxelles de riposter avec des sanctions commerciales, dans un message posté vendredi sur son réseau Truth Social. “L’Europe a attaqué aujourd’hui une autre grande entreprise américaine, Google”, a-t-il protesté en ajoutant que si l’UE ne revenait pas sur les amendes “injustes” infligées au géant de la Tech, il serait “contraint” de déclencher un mécanisme de droits de douane punitifs, la “Section 301”.
“La réglementation européenne du secteur technologique est l’une des plus grandes bêtes noires” de Trump, souligne El País en rappelant qu’Il y a deux semaines, il avait “déjà menacé d’imposer des droits de douane supplémentaires sur les exportations européennes en représailles à la réglementation numérique de l’Union”. Le quotidien espagnol note d’ailleurs que “ces nouvelles tensions entre Washington et Bruxelles surviennent alors même que les deux parties n’ont pas encore pleinement mis en œuvre l’accord commercial conclu en juillet, dont les termes ont été finalisés en août”.
Selon le Financial Times, l’autorité européenne de la concurrence avait initialement prévu d’annoncer l’amende contre Google lundi, mais la décision avait été “annulée à la dernière minute par le commissaire au commerce Maros Sefcovic, d’après des personnes proches du dossier”. Celui-ci s’inquiétait de l’impact des droits de douane américains sur le secteur automobile européen.