L’événement, qui s’ouvre ce samedi avec des créations attendues, met le Brésil à l’honneur. Rencontre avec son directeur artistique, Tiago Guedes.
L’édition 2025 de la Biennale de danse est la première entièrement signée par Tiago Guedes. Photo Blandine Soulage / Biennale de Lyon
Publié le 06 septembre 2025 à 09h00
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Des créations attendues, telles celles du jeune Portugais Marco da Silva Ferreira ou de l’Américain William Forsythe. Des reprises, dix ans après, des pièces emblématiques de Jan Martens ou de Gisèle Vienne. Et l’invitation faite aux amateurs à entrer dans la ronde… La Biennale de danse 2025, qui commence samedi 6 septembre, pétille de tout cela à la fois. Cette 21e édition est la première entièrement signée par le Portugais Tiago Guedes depuis son arrivée, en 2023, à la direction artistique de la manifestation comme à la tête de la Maison de la Danse. Cinq cents artistes invités s’y adressent à quelque deux cent mille festivaliers — billets payants et gratuits confondus —, tout au long de l’événement élargi à cinquante-sept lieux répartis dans toute la métropole et la région Auvergne-Rhône-Alpes. Mais c’est bien à Lyon que tout commence. Tiago Guedes nous explique comment, en septembre, la danse vibre dans toute la ville.
Dans une si vaste programmation, que représente le défilé avec les amateurs ?
C’est un événement populaire, dans une Biennale dédiée à la création : 24 nouveaux spectacles programmés, sur une quarantaine au total. Et depuis 2023, on défile lors du week-end d’ouverture. Quand Guy Darmet a inventé le défilé en 1996, douze ans après sa première Biennale, celui-ci affichait les couleurs du Brésil : comme une heureuse coïncidence, cette édition 2025 est marquée par la saison Brésil-France. Pour cette édition, le Défilé réunira 3 000 amatrices et amateurs, répartis en huit groupes, auxquels s’ajoutera un neuvième groupe accompagné par le chorégraphe brésilien Diego Dantas qui viendra clôturer la parade. Inspirée par le carnaval de Rio de Janeiro, leur performance mêlera rythmes afro-brésiliens et pulsations technos, juste avant 360, le spectacle de Mehdi Kerkouche dont les huit interprètes seront eux aussi épaulés par les amateurs. Une belle fête en prévision place Bellecour !
Huit artistes sont invités dans ce focus sur le Brésil…
On retrouve notamment Lia Rodrigues dont le magnifique spectacle Encantado avait refermé l’édition 2023. Cette année, elle l’inaugure avec Borda, nouvelle création de sa compagnie installée depuis vingt ans dans une favela de Rio. Comme elle, les nouvelles générations sont engagées dans la société. Ainsi Davi Pontes et Wallace Ferreira défendent-ils l’idée d’un corps résistant face aux violences sociales. Le collectif Original Bomber Crew fusionne capoeira et breakdance avec des vidéos inspirées des paysages fluviaux et urbains du nord-est du pays, où il est installé. Au sein du Grupo Cena 11, Alejandro Ahmed s’inspire des traditions comme des nouvelles technologies. Enfin, Clarice Lima envahit les trottoirs de ses grandes jupes de couleurs. Autant de langages originaux et puissants.
Quel est le principe du partenariat « Constellation », noué avec le Centre Pompidou ?
Le croisement des disciplines ! La chorégraphe d’origine rwandaise Dorothée Munyaneza s’installe à la Villa Gillet pour y faire rayonner la littérature grâce aux auteurs et autrices africains invités. Eszter Salamon, spécialiste de la danse expressionniste, s’est lancée dans de grandes installations visuelles et paysagères avec la compagnie norvégienne Carte Blanche. Gisèle Vienne, elle, explore l’histoire des musiques électros dans un club géant (aux Grandes Locos) pour y produire une version XXL de Crowd, dix ans après sa création.
Pas de Biennale sans présence du Ballet de l’Opéra de Lyon…
Sa nouvelle soirée, intitulée « Nuits transfigurées », est alléchante. Construite autour de Nuit transfigurée − la pièce inspirée à Anne Teresa De Keersmaeker en 2014 par la partition d’Arnold Schönberg −, celle-ci rassemble deux autres femmes chorégraphes : la Belge Mercedes Dassy, 35 ans, avec son solo Deepstaria Bienvenue, où surgit une créature post-apocalyptique. Et Katerina Andreou, Grecque installée à Lyon, qui vient d’inventer We need silence, sur un rythme de house music.
Comment avez-vous choisi les chorégraphes français ?
En invitant toutes les générations ! À l’image du bouillonnant Philippe Découflé, désormais plus apaisé, qui s’intéresse à la tranquille beauté du geste. Christian Rizzo, va nous offrir sa première pièce depuis la fin de son mandat à la tête du Centre Chorégraphique National de Montpellier, fin 2024. François Chaignaud déploiera sa splendeur habituelle en conviant, dans Ultimo helecho le chant, la musique et la danse. Chez les plus jeunes, comme l’ex-danseur de l’Opéra de Paris, Simon Le Borgne, ou Andréa Givanovitch qui a dansé chez Ohad Naharin, l’intensité physique est explosive. C’est aussi ce qui frappe dans la danse française : la diversité de ses esthétiques.