Par

Inès Cussac

Publié le

6 sept. 2025 à 9h10

« On en a fait des projections mais c’est rare que ce soit aussi plein, aussi jeune et aussi féminin. » « Et aussi militaire ! » Olivier Nakache commence une phrase et Éric Toledano la complète. Jeudi 4 septembre 2025, devant l’écran géant planté au pied du Dôme des Invalides à Paris (7e), les deux réalisateurs du Sens de la fête n’ont pas manqué le rendez-vous fixé par le gouverneur militaire de Paris. Celui-ci organise du 4 au 6 septembre son événement caritatif « Les Invalides font leur cinéma ! » visant à récolter des fonds au profit du Comité de l’Entraide Défense (CED), qui vient en aide aux soldats blessés et familles endeuillées.

Toucher un nouveau public

Devant le duo de cinéastes indissociables et sous un ciel couvert, près de 1 000 personnes sont venues assister à la première projection de cette cinquième édition. Soit, la capacité d’accueil maximal du site. « On l’a vu sur Insta ! » annoncent en chœur les six amis venus en bande des quatre coins de Paris. Ils n’ont aucun lien particulier avec l’armée, n’étaient jamais venus aux Invalides et pourtant n’ont pas hésité à réserver leur soirée pour assister à la séance en plein air. « Les Invalides, c’est un cadre génial », témoigne l’une du groupe. Une autre abonde : « Le cinéma en extérieur, c’est vraiment cool. »

« Avec cet événement caritatif, qui lance d’ailleurs tous les autres de l’année qui arrive, nous touchons un public pas très familier du milieu de la Défense, des Invalides. C’est un public nouveau », souligne le général de corps d’armée Loïc Mizon, gouverneur militaire de Paris. Lui aussi s’est réjoui de constater qu’il était « très jeune et très féminisé ». Surtout, il ne cesse de grossir. Une seule projection était proposée les premières années jusqu’en 2023 où deux soirées à 750 personnes et une à 1 000 ont été organisées. Depuis 2024, la jauge maximale des 1 000 spectateurs est mise en place et atteinte à chaque fois les trois soirs.

L’événement, en partenariat avec la mairie du 7e arrondissement, a été annoncé en plein mois d’août mais deux semaines ont suffi pour écouler toutes les places. Cette année, le total de la recette est estimé à 28 600 euros, a minima. Viendront ensuite les dons sur place et en ligne qui s’élèvent en moyenne à 1 500 euros. Près de 100 000 euros ont été ainsi récoltés pour le CED depuis la première projection.

Une sélection de films par thématique

Entre le cadre, la publicité sur les réseaux sociaux et le bouche à oreille, l’événement caritatif est vite devenu le phénomène de la rentrée ne se bornant pas aux limites du 7e arrondissement. Le choix des films à l’affiche y est aussi pour quelque chose. L’association Ciné d’hier se charge de la logistique et de la sélection de ces derniers. Jeudi soir, les spectateurs ont assisté à la projection du Sens de la fête, vendredi a été présenté Agents très spéciaux avant le film à succès de l’an passé Le Comte de Monte Cristo, samedi soir.

Une thématique est toujours désignée pour les sélectionner. En 2024 par exemple, après un été olympique, le sport avait été mis à l’honneur avec la projection d’Invictus. Les trois Mousquetaires avait également été présenté. L’une des séquence du film avait été tournée dans l’hôtel des Invalides. « Cette année, on est resté sur la thématique Dumas », indiquent les organisateurs. « C’est une expérience unique de voir un film dans un tel cadre, si prestigieux. Voir Top Gun ici, ça a de la gueule quand même », rappelle Christophe Poisson, adjoint à la maire du 7e chargé de la culture.

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Jeudi soir, certaines chaises sont restées vides en raison de la météo mitigée annoncée par Météo France. La pluie s’est d’ailleurs invitée quelques minutes au beau milieu du long métrage, poussant une partie de l’assistance à se réfugier sous le Dôme et à en chasser une autre. « Il ne pleuvait pas normalement », s’étrangle Alexi sous son gilet bleu marine pour seul rempart aux gouttes. « On attend que ça se calme et on va voir ce qu’on fait », prévient-elle sur le pas des grilles de la place Vauban. D’autres, plus prévoyants, avaient le parapluie dans la manche. Sans doute les mêmes qui avaient dégainé les sandwichs avant le lancement des premières images à 21 h.

« Revenez ! »

Pour les déserteurs de la cour ou les absents, ils étaient prévenus : il n’y aura pas de remboursement. Les places réservées ne sont effectivement pas des achats à proprement parler mais bien des dons. La pluie n’étant « pas un facteur limitant, les gens doivent accepter de se faire mouiller ». Le vent en revanche, aurait pu contraindre les organisateurs à annuler l’événement du fait de l’utilisation d’un écran gonflé. Mais cela n’est arrivé qu’une fois en cinq ans.

Tant pis pour les cheveux et la veste mouillés, Ignace adore le concept. Lui aussi foule le gravier de la cour du Dôme pour la première fois. Cela n’aurait pas dû se produire pourtant. L’événement se déroule d’ordinaire dans la cour d’honneur des Invalides. La cérémonie d’adieu aux armes du colonel Brukhard, en présence d’Emmanuel Macron, devait se produire vendredi 5 septembre d’une part. D’autre part, le lancement des travaux de réfection des lieux a forcé la délocalisation « en zone sud ».

Le chantier qui se poursuivra indubitablement l’été prochain devrait occasionner une nouvelle édition place Vauban. Le placement des chaises en largeur plutôt qu’en longueur, le gravier au lieu du pavé et la verdure des arbres en opposition à l’austérité des colonnes… Cet emplacement est peut-être plus approprié pour un public de non-intiés. Cour du Dôme ou cour d’honneur, une chose est sûre pour Ignace : il reviendra. « Revenez aux Invalides, revenez dans cette institution, revenez en famille, entre amis. Revenez ! » avait d’ailleurs appuyé Christophe Poisson en préambule de la projection.

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