Par
Gaël Arcuset
Publié le
5 sept. 2025 à 20h02
2,35 mètres sur 1,85. Derrière ces dimensions imposantes, se cache une œuvre d’art à l’histoire singulière, tombée dans l’oubli avant d’être intégralement restaurée. Dans quelques jours, elle retrouvera la place qui fut, voilà plusieurs années, la sienne. Et les curieux pourront, sans retenue aucune, l’admirer. L’Assomption de la Vierge, monumental tableau, s’apprête en effet à regagner l’église Saint-Vincent de Noaillan, en Gironde. « Ce retour marque aussi un véritable sauvetage, car ce tableau revient de très très loin, tant son état était désastreux », souligne sans détour Jacques Sanlias, adjoint. L’épilogue d’une incroyable série de péripéties pour cette peinture pleine de mystères. Car aujourd’hui encore, on ignore qui en est l’auteur et comment elle est arrivée dans le village. Un voile d’interrogations qui ne fait qu’ajouter à l’aura de cette toile monumentale.
Une renaissance patiente et minutieuse
Sa restauration a été confiée à Mélina Gervais-Grubo, installée dans le secteur de Cadillac. Presque une annnée de travail aura été nécessaire pour redonner éclat et lisibilité à la scène religieuse. « C’est un beau tableau. La peinture des personnages est fine. C’était vraiment agréable de travailler dessus », confie la restauratrice au Républicain Sud-Gironde.

Mélina Gervais-Grubo, restauratrice, avoue « ne pas avoir tellement l’habitude » de travailler sur de si imposantes œuvres. ©Mélina Gervais-Grubo / document transmis à actu.fr
Au total, entre 180 et 200 heures ont été consacrées rien qu’aux retouches. Ajoutez à cela compter le décrassage, l’allégement des vernis ou encore la consolidation du support… Surtout, la restauratrice s’est attachée à ne pas dénaturer l’œuvre.
Je me suis limitée aux parties dégradées pour respecter le geste de l’artiste
Mélina Gervais-Grubo, restauratrice

Restaurer ce tableau a demandé une année de travail à Mélina Gervais-Grubo, qui a dû s’employer pour lui redonner son éclat sans dénaturer le travail de son auteur. ©Mélina Gervais-Grubo / document transmis à actu.fr
Le cadre, lui aussi, a bénéficié d’un soin particulier. Confié à Alain de Sigoyer, de l’atelier de l’Orangerie à Belin-Béliet, il a nécessité une véritable reconstruction. « Son état de conservation était très mauvais, atteste Jacques Sanlias. Il présentait au revers, sur toute sa surface, des trous d’insectes xylophages ayant complètement rongé le bois, notamment en partie supérieure, le rendant vermoulu et spongieux. »
L’ombre d’un mystère
Si l’œuvre a retrouvé sa beauté, son origine demeure encore obscure. De quand date-t-elle ? « Au vu de différents éléments, comme les couleurs, la préparation, les modèles des visages, on peut estimer que cette œuvre date du XVIIe siècle », dévoile Mélina Gervais-Grubo.
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L’Assomption de la Vierge (XVIIe siècle) avant sa restauration. ©Mélina Gervais-Grubo / document transmis à actu.fr

L’Assomption de la Vierge (XVIIe siècle) après sa restauration. ©Mélina Gervais-Grubo / document transmis à actu.fr
Mais alors, comment un tel tableau est-il arrivé jusqu’à Noaillan ? Les rares indices disponibles suggèrent plusieurs pistes. « L’hypothèse d’un don n’est toujours pas prouvée », dit l’adjoint de Noaillan.
Des notes manuscrites, récupérées par l’intéressé, évoquent une possible commande en 1846 à l’artiste Jules-Michel Chandelier (1813-1871), d’après L’Immaculée Conception de la Vierge du peintre espagnol Bartholomé Esteban Murillo. Chandelier aurait réalisé quelques années plus tard, en 1850, une copie similaire pour l’église de Saint-Rome-de-Cernon, dans l’Aveyron. Mais rien n’est sûr.
Il reste un mystère à éclaircir ! Peut-être qu’un jour, un visiteur passera devant ce tableau et s’exclamera : ‘Je le connais !’
Jacques Sanlias
Une inauguration ouverte à tous
La réinstallation de l’Assomption de la Vierge, rendue possible grâce au financement de la mairie et de deux associations locales, Architextures et Noaillan Histoire et Patrimoine, sera l’occasion de partager ce travail exceptionnel avec le public.
Samedi 13 septembre 2025, à 11 h, en l’église Saint-Vincent de Noaillan, Mélina Gervais-Grubo détaillera son patient labeur tandis qu’Alain de Sigoyer reviendra sur les étapes de restauration du cadre.
Une invitation à redécouvrir un patrimoine sauvé de l’oubli, et à se laisser saisir par la majesté d’une œuvre qui, malgré les siècles et les vicissitudes, continue de susciter fascination et interrogations.
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