Selon le rapport du Sénat de juin 2025, l’absentéisme des professeurs a connu une hausse de 16,8 %, depuis 2018, et le non-remplacement dans le second degré une hausse de 93,8 %. Pour quelles raisons ?

Ces données sont celles d’Olivier Paccaud, rapporteur spécial de la commission des finances du Sénat. Publié le 12 juin dernier, son rapport alerte sur un système à bout de souffle : « absences de courte ou longue durée de plus en plus fréquentes, vivier de remplaçants insuffisant, coûts mal mesurés ».

Les TZR, kézaco ?

Le but n’est évidemment pas ici de se pencher sur le bien-fondé de ces absences, encore moins de taper sur des profs dont l’absentéisme est dû essentiellement à des raisons de santé : 61,2 % des absences dans le secondaire, avec un passage de 9.105 à 12.035 enseignants absents pour ce motif sur la période 2023-2024. Cela signifie qu’un élève perd jusqu’à 7,4 % de son temps d’apprentissage, durant sa vie de collégien et lycéen, phénomène qui s’aggrave car « le vivier de remplaçants n’a pas suivi l’évolution des absences ». Cela, malgré un budget constant de 4,2 milliards d’euros alloués à cette question.

Lorsqu’on parle remplaçants, on pense généralement aux contractuels ; c’est oublier qu’il existe une autre catégorie, les TZR, pour « titulaires d’une zone de remplacement ». Affectés au second degré, ce sont des professeurs certifiés, rémunérés sur un temps plein et rattachés à un établissement qui doit gérer leurs affectations de remplacement en lien avec le rectorat. Il est difficile de connaître leur nombre réel car les derniers chiffres disponibles du ministère remontent à… 2011-2012. Il faut explorer leurs blogs ou se reporter à la question d’un député à la rentrée 2024 pour découvrir qu’ils sont environ 9.000.

C’est un élu LFI du Finistère, Pierre-Yves Cadalen, qui questionnait, en février dernier, Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, sur le sujet des TZR. Citant un article du Monde intitulé « La colère des enseignants titulaires remplaçants, écartés de postes à l’année au profit de contractuels », il pointait l’aberration d’un système qui préfère mettre des enseignants non formés face aux élèves plutôt qu’affecter en priorité les TZR sur les postes vacants. Et de citer la remarque, jugée désobligeante, du gouvernement précédent parlant, à leur sujet, de « ressource humaine ».

Le revers de la médaille

La situation générale des TZR est-elle enviable ? Pour certains, il semble que oui. C’est en tout cas un choix qui, si l’on se débrouille bien – le guide de SUD éducation donne là-dessus de judicieux conseils –, peut permettre tout à la fois un parcours professionnel tranquille et rémunérateur.

Certains TZR sont ainsi en fonction depuis de longues années dans le même établissement, affectés au même poste. On se demande alors qui ils remplacent. C’est le cas, ici, d’un enseignant dans un bon lycée de Toulon. Quel n’est donc pas son étonnement de se voir remplacé, lui aussi, en cette rentrée, par un jeune contractuel. Exerçant à côté une activité commerciale (non déclarée, évidemment), il prend bien la chose, puisque le voilà sans activité mais payé sur un temps plein. Et pas question, à l’entendre, d’aller effectuer des remplacements ailleurs. C’est niet. Si toutefois cela devait advenir, SUD conseille de se faire mettre en congé maladie…

D’autres, en revanche, qui ont sans doute l’enseignement chevillé au corps, préfèrent cumuler les emplois. L’ancien directeur d’un centre de formation privé hors contrat (jusqu’en 2012), délivrant des certifications à bac+5 dans le secteur tertiaire et l’informatique, nous confie ainsi que les TZR constituaient, pour lui et ses semblables, « un important vivier de recrutement. Vivier de qualité, puisque ces enseignants sont diplômés ». Ils étaient « rémunérés sur facture, en notes d’honoraires », cumulant ainsi leur salaire de titulaire de l’Éducation nationale et les cours dispensés dans le privé. « Tout le monde le sait, nous dit-il, les bons plans circulent en salle des profs mais le sujet est tabou. »

Officiellement, tout cela n’existe pas. C’est ainsi que près de 20 millions d’heures de cours n’ont pas été assurées dans les collèges et lycées, l’an dernier.


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