Par
Rachel Coudert
Publié le
6 sept. 2025 à 9h37
Comme chaque année, la crise du logement à Montpellier ne fait que s’aggraver. Avec toujours plus d’étudiants et trop peu de logements pour les accueillir, le SCUM, Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier, tire la sonnette d’alarme : « Le coût de la vie pour un étudiant à Montpellier a augmenté de 5,54 % cette année. Cette hausse s’ajoute à celle de 3,65 % l’an dernier, de 6,4 % en 2022 et de 2,14 % en 2021. » En parallèle, les loyers, eux, ne cessent d’augmenter. S’ajoutent à ça les logements CROUS, déjà surchagés d’étudiants : à Montpellier, elles ne peuvent accueillir « que 10 % des étudiants montpelliérains », détaille le syndicat.
Un constat que la représentante d’Infos Jeunes Occitanie à Montpellier appuie : « Chaque année, on rencontre de plus en plus de précarité et de difficultés à accompagner les jeunes pour trouver un logement. D’année en année, il y a une hausse de cette crise du logement car il y a énormément d’étudiants et pas assez de logements, malgré les constructions de résidences sur Montpellier. » Pour essayer de pallier au mieux à cette crise, le SCUM et Infos Jeunes proposent un suivi pour les aider dans cette situation désespérée. Mais parfois, même cet accompagnement ne suffit pas. Alors, par dépit ou par choix, les étudiants se tournent vers d’autres alternatives, plus méconnues, pour étudier coûte que coûte à Montpellier.
Les colocations étudiantes
De plus en plus répandue partout en France, Montpellier n’échappe pas non plus à cette nouvelle tendance : la colocation étudiante. Solution idéale pour vivre à plusieurs à moindre coût, c’est parfois l’entre-deux parfait pour les étudiants en galère de logement. Un phénomène qui n’a pas échappé à Info Jeunes Montpellier : « Il y a énormément de colocations qui se sont développées. Avant, c’était vraiment minime. Aujourd’hui, c’est quelque chose qui fonctionne, il y a beaucoup de propositions et de demandes chez les étudiants montpelliérains. »
Emma, étudiante en Master de journalisme à l’ESJ Pro, est en colocation depuis son arrivée à Montpellier en 2024 : « Je l’ai trouvé sur le site “la Carte des Colocs”. Pour moi, la colocation, c’était mon premier choix. Je ne connaissais personne sur Montpellier donc ça me permettait de rencontrer des gens et ça, c’est chouette. Et en plus, comme j’ai un petit budget, c’est plus intéressant pour les loyers. » Installée à Gambetta dans un appartement de 120 m² avec ses trois autres colocataires, la vie en communauté se déroule sans accroc : « On est dans une coloc assez ouverte, il y a pas mal de passages. Après, on a mis en place des règles de savoir-vivre. Il faut s’adapter en colocation, savoir faire des compromis et s’organiser pour que ça fonctionne bien. »
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Mais elle mesure également la chance qu’elle a eue avec sa colocation actuelle : « Il faut aussi tomber sur les bonnes personnes, parce que je suis déjà passée par des colocs où ça ne s’est pas toujours bien passé. Et je sais que trouver des colocs, ça peut aussi être galère. » Malgré tout, c’est une expérience qu’elle recommande les yeux fermés : « J’ai littéralement rencontré mes meilleurs amis à Montpellier. Moi qui n’aime pas trop vivre seule de base, ça me permet de partager beaucoup de moments avec eux, tout en respectant les limites de chacun. »
Le logement partagé intergénérationnel
Mais la colocation n’est pas la seule option : certains étudiants choisissent une alternative plus atypique, le logement partagé intergénérationnel. C’est le choix peu répandu qu’a fait Amandine, étudiante en sciences politiques, en se logeant chez un senior. Encadrée par l’association Ensemble2Générations, elle a habité pendant deux années à Montpellier aux côtés d’une personne âgée. « On est très accompagné, aussi bien pour la sélection du senior, la rencontre, la signature du contrat et les démarches administratives. De mon côté, je payais 230 € par mois. » Une expérience riche en souvenirs et en moments partagés : « Ça s’est très bien passé pour moi. Même si au début c’était un peu particulier de vivre avec une senior, je me suis sentie très vite à l’aise dans ma chambre. On échangeait beaucoup et j’aimais beaucoup parler avec elle. C’était hyper enrichissant. » En échange de services et de temps partagé, l’étudiant peut ainsi bénéficier d’une chambre chez un senior à moindre coût.
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Une alternative idéale pour se loger, mais qu’elle ne recommande pas à tout le monde : « C’est une super initiative car il y a beaucoup de seniors qui ont des chambres disponibles et qui subissent la solitude. Ce qui est bien aussi, c’est que ça permet de résoudre un problème grandissant : le manque de logement pour les étudiants. Par contre, ce n’est pas la meilleure solution pour tous, ça demande d’être disponible pour la personne et d’y consacrer du temps pour construire une relation.
Les résidences intergénérationnelles
D’autres choisissent une solution collective, en intégrant des résidences pensées pour favoriser le lien social : les résidences intergénérationnelles. Relativement similaires aux KAPS – des colocations solidaires où les étudiants donnent de leur temps pour certaines causes tout en payant un loyer à prix réduit –, Rosalie, étudiante en deuxième année de Master à Paul Valéry, vit depuis son arrivée à Montpellier dans la résidence Anne Frank du quartier des Beaux-Arts. Le concept ? Vivre dans une résidence créatrice de liens, où seniors et étudiants cohabitent ensemble. Chaque résident possède sa propre chambre individuelle et profite d’un lieu commun tout équipé : salle de sport, bibliothèque, salle de jeux… En échange de quelques services, l’étudiant profite pleinement de cette vie en communauté tout en gardant une certaine liberté. « C’est la première fois que j’habite dans ce genre d’endroit. Avant j’habitais dans une résidence classique, mais ici, c’est différent. »
Une option qui lui était pourtant totalement inconnue au départ : « L’année dernière j’ai été acceptée très tard en première année de Master. Mi-septembre à Montpellier il ne restait plus d’appartements étudiants dans mon budget. Les résidences, type Crous ou étudiantes, étaient déjà complètes et j’étais sur liste d’attente. C’est un ami de ma famille qui nous a parlé de cette résidence et après un coup de fil, j’ai finalement pris mon billet de train et deux valises direction Montpellier. »
Logée dans une chambre de 20 m² avec salle de bain privée attenante, elle participe à la vie en collectivité au quotidien : « Les chambres sont alternées entre celles des résidents seniors et des étudiants. Du coup on est tous mélangés. On prend les repas ensemble, on joue à des jeux de société. Les étudiants apprennent aux seniors à jouer au kems et au Uno et les seniors nous montrent les règles du tarot ou de la belote. On s’aide mutuellement… » S’ajoute également une partie bénévolat, au cœur de la vie de la résidence : « L’étudiant s’engage à rendre service à la résidence, on doit aussi proposer des activités aux autres résidents, faire la plonge et préparer la table une journée par mois, ce genre de choses. » Un fonctionnement qui, sur le long terme, profite aussi bien les seniors que les étudiants en proie à la crise du logement.
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