Peu d’expériences pour les pilotes de Formule 1 se rapprochent de celle d’un week-end à Monza en tant que pilote de la Scuderia. La semaine dernière à Zandvoort, les gradins avaient beau être teintés de l’orange des supporters de Max Verstappen, rien n’égale le rosso corsa des tifosi au temple de la vitesse. Pour Lewis Hamilton, dans sa première saison avec Ferrari, alors qu’il est le pilote de l’histoire avec le plus de tours en tête à Monza (248), ce week-end reste un moment unique.

« Je suis arrivé à Maranello, et quand on entre et qu’on voit le logo Ferrari, je dois encore me pincer pour y croire. C’est vraiment unique. Il y a toujours des gens devant l’usine, et je n’avais jamais vu de fans devant une usine auparavant. Ici, on en voit à chaque fois. Il y a une énergie tellement positive, clairement beaucoup d’amour pour cette marque et ce qu’elle représente pour les gens. Rejoindre Ferrari, c’était un rêve d’enfant, avoue Lewis Hamilton. Je regardais Michael Schumacher gagner ici, et je voyais la réaction du public chaque fois que Ferrari montait sur le podium : la passion était sans égale. Je voulais ressentir cela. Aujourd’hui, j’ai la chance de vivre cette expérience en tant que pilote Ferrari, porté par le soutien des tifosi. Leur passion est tout simplement incroyable. »

« Être ici, quel que soit le pilote ou l’écurie, est toujours une expérience incroyable. Ce circuit est historique, ce parc est mythique, et voir tous les tifosi le long de la ligne droite des stands, c’est une émotion unique. Lors du tour d’honneur, les fans sont si proches qu’on a l’impression qu’ils sont avec nous dans la voiture, souligne le septuple champion du monde. J’ai vu ce que ça faisait pour les autres pilotes Ferrari d’être sur le podium ici. Je suis monté plusieurs fois sur le podium à Monza, donc je sais ce que ça fait d’être là-haut. Mais l’imaginer en tant que pilote Ferrari, c’est autre chose. Je suis impatient de voir comment la voiture va se comporter ce week-end. Ferrari a gagné ici l’année dernière grâce à une excellente stratégie et un excellent pilotage de Charles. »

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« Est-ce que je m’attendais à ce que mes sensations soient aussi variées ? Non, mais c’est la vie »

Après un double abandon à Zandvoort, le premier de Ferrari depuis le Canada en 2024, la Scuderia ne peut que mieux faire devant son public. En tête de la première séance d’Essais Libres devant Charles Leclerc et cinquième en EL2 alors que son coéquipier monégasque se hissait encore une fois en deuxième position derrière Lando Norris, Lewis Hamilton aborde son week-end en prenant du recul sur ses difficultés depuis le début de saison, d’autant qu’il recevra cinq places de pénalités sur la grille. Le Britannique n’est qu’à quatre Grands Prix d’égaler le Français Didier Pironi au nombre de courses sans un premier podium pour Ferrari (19).

« C’est ma première année avec l’équipe, donc chaque week-end est une découverte. C’est la première fois que je pilote cette voiture sur chaque circuit. L’approche est forcément différente de mes expériences précédentes. Quand on se rend dans de nouveaux endroits, les réglages sont différents, c’est toujours nouveau, et j’apprécie vraiment cela, reconnaît Lewis Hamilton. Il y a eu beaucoup d’ajustements, autant de mon côté que de celui de l’équipe. Ils ont vraiment remué ciel et terre pour m’accueillir. Il y a évidemment des différences culturelles, mais je me sens soutenu. Fred [Vasseur] a fait remarquer qu’ils avaient peut-être sous-estimé le défi en m’intégrant, et c’est vrai que nous avons été confrontés à des défis avec la voiture cette année. »

« Tout au long du week-end à Zandvoort, notre approche était parfaite. J’ai trouvé que c’était l’un de nos week-ends les plus solides, sinon le plus solide, jusqu’à dimanche. Malheureusement, le dimanche a été décevant. Ce n’est pas le résultat que nous voulions, mais ce n’était pas un manque de concentration, insiste le pilote Ferrari. Plusieurs facteurs ont contribué à l’incident : un problème de rétrogradage a bloqué les roues arrière, la piste était mouillée, et j’étais peut-être 10 millimètres ou 10 centimètres plus large que lors du tour précédent. Ce n’est pas génial, mais j’en tire des leçons et je vais de l’avant. Je ne fais pas souvent ce genre d’erreurs, mais ce qui est formidable, c’est que l’équipe est restée très positive et m’a apporté un soutien incroyable tout au long du week-end. Ils vous remontent le moral. »

« Je ne sais pas ce que les autres pilotes ont pensé des décisions prises lors de la dernière course, mais quand je suis rentré chez moi et que j’ai vu que j’avais reçu cette pénalité, j’ai été vraiment choqué. Si vous regardez le rapport, j’ai bien levé le pied, mais pas assez à leur goût. Recevoir une pénalité et des points de pénalité, c’est assez sévère. Mais c’est comme ça, se résigne le septuple champion du monde. Ce n’est évidemment pas tout noir ou tout blanc. J’en tire des leçons. Ça ne sert à rien de se plaindre. Ce week-end va être difficile : les qualifications sont déjà très serrées entre nous tous, et en plus, je suis rétrogradé de cinq places. Ce n’est pas idéal pour mon premier Grand Prix à Monza avec Ferrari. Mais cela me donne encore plus de raisons de me battre, et je suis très motivé pour rattraper ces places quoi qu’il arrive. »

Un évènement d’autant plus marquant que Ferrari célèbre cette année les 50 ans du premier titre de Niki Lauda, en rosso corsa, au volant de la 312 T. Livrée hommage, combinaisons à l’écusson rectangulaire et casques rétro : Lewis Hamilton aura ce week-end le soutien de son mentor, qui l’a accompagné chez Mercedes et dont il suit désormais les traces au sein de la Scuderia.

« J’ai beaucoup d’affection pour Niki, mais ce n’est pas lui qui m’a convaincu de rejoindre Mercedes à l’époque. C’était plutôt Ross [Brawn]. On s’est assis ensemble dans la cuisine de ma mère, et il m’a expliqué la direction que prenait l’équipe. Niki a joué un rôle important ensuite, et nous avions une relation extraordinaire. Quand j’ai rejoint Ferrari, je n’ai même pas pensé au fait que Niki avait piloté pour cette équipe, avoue Lewis Hamilton. Mais aujourd’hui, c’est un week-end particulier, car je peux lui rendre hommage ici aussi. J’ai pu célébrer les titres avec lui chez Mercedes, et maintenant, je suis dans une position unique pour perpétuer son héritage. Je sais ce qu’il me dirait aujourd’hui. Il est toujours présent dans un coin de ma tête. »

Tourné vers l’avenir, le Britannique pourrait devenir le premier vainqueur et poleman de plus de 40 ans depuis Nigel Mansell en Australie en 1994. Le septuple champion du monde est sur la plus longue série de sa carrière sans podium (17), mais pourrait aussi ne pas inscrire de points sur trois courses consécutives pour la première fois depuis 2009 (sur les cinq Grands Prix de l’Espagne à l’Allemagne). Reculer pour mieux sauter, poussé par la ferveur des tifosi.

« Cette année a été difficile pour tout le monde, mais elle nous prépare à des jours meilleurs. Honnêtement, plus c’est difficile, plus ça peut vous rendre meilleur. Je suis vraiment enthousiaste et motivé pour mener une bataille positive à partir de maintenant, et j’ai le sentiment d’être entouré des meilleures personnes pour y parvenir. C’est une véritable montagne russe émotionnelle. Est-ce que je m’attendais à ce que mes sensations soient aussi variées ? Non, mais c’est la vie, résume Lewis Hamilton. Même si nous avons connu un dimanche difficile, nous voyons enfin le bout du tunnel. J’ai lu récemment qu’il ne servait à rien de s’inquiéter pour demain, car cela gâchait souvent le présent. Alors j’essaie de ne pas m’inquiéter. Je veux vivre chaque moment à fond. Cette moitié de saison est passée très vite. Je ne veux manquer aucun de ces moments spéciaux. Je vis vraiment mon rêve. Il y a encore un long chemin à parcourir, mais je suis là pour me battre. »

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