PARTIE 3/​3. Candidat à l’élection municipale, Éric Ciotti (UDR soutenu par le RN) a choisi Nice-​Presse pour dévoiler sa feuille de route sur les sujets du quotidien : la sécurité, la circu­lation, le station­nement et l’éco­nomie locale. Troisième et dernier volet de cette matinée spéciale, consacré à la Métropole.

Le conseil métropolitain a été agité de tensions, impliquant des élus valléens, suivis par une part du littoral. Comment apaiser les choses ?

Naturellement, je suis candidat à la mairie de Nice mais aussi à la prési­dence de la Métropole, qui concentre aujourd’hui les compé­tences et les moyens financiers. 

Cette fronde, c’est Christian Estrosi qui l’a suscitée. Il a fait entrer la politique dans les conseils métro­po­li­tains en essayant de forcer les maires à signer une charte impro­bable, dirigée contre moi. Ce texte est une aberration juridique et une forfaiture politique. Il s’agit de contraindre les élus à valider tous les prochains budgets présentés, tout en les intégrant dans un ridicule « front républicain », une dérive gauchiste et macro­niste que plus personne ne veut.

Faut-​il s’attendre à des coups de tronçonneuse de votre part dans la Métropole ? 

Les diffi­cultés finan­cières s’y concentrent, avec une dette monstrueuse. Au total, avec la Ville, la Métropole et les régies (eau, etc), nous attei­gnons les trois milliards d’euros (un calcul que la Métropole « conteste fermement », NDLR).

Nice-​Côte d’Azur est aujourd’hui confrontée à une très grande fragilité, elle est même à deux doigts de rejoindre le réseau d’alerte des finances publiques. Il faudra acter de nouvelles priorités et, en effet, lourdement serrer la vis pour ce qui est des dépenses. Dès mon élection, je comman­derai un audit complet de cette gestion. 

Où comptez-​vous tailler ?

Dans les paillettes, notamment. Payer 15 millions d’euros un Grand prix de Formule 1 au fin fond du Var, avec moi, ce sera fini. Je m’inté­res­serai de près au dépar­tement de la commu­ni­cation et des relations publiques. A-​t-​on besoin de 400 agents ? Les millions d’euros dépensés en ce moment pour des émissions de télé ou pour un presti­gieux siège à Paris seront déployés ailleurs.

eric-ciotti© Romain Boisaubert /​ Nice-​Presse

Que changer dans la gestion courante de la Métropole d’après vous ?

Faire sortir la politique de l’hémi­cycle, déjà. Il n’y aura plus de groupes partisans, en tous les cas le président que je serai n’en créera pas. La charte sera évidemment supprimée. Chaque maire sera respecté, quel que soit son engagement politique. Les espèces de pressions cesseront. J’ai d’ailleurs pris des engage­ments très clairs auprès d’eux.

Lesquels ?

Les compé­tences ne seront plus concen­trées par la prési­dence et par Nice. Très concrè­tement, les maires redevien­dront les patrons opéra­tionnels des diffé­rents services métro­po­li­tains sur leur terri­toire. Ce sera à eux d’en définir les missions priori­taires. Je veux qu’à nouveau, le maire soit le seul patron chez lui. La prési­dence omnipo­tente, je n’en veux pas.

Quel devrait être le cap de la Métropole pour les 6 ans à venir ?

Nous devrons porter un grand projet écono­mique, dont la colonne verté­brale serait la Plaine du Var. Il y a le constat, et mes solutions. 

Le constat, c’est que son aména­gement est devenu une vaste opération de spécu­lation immobi­lière qui n’a créé aucune richesse. Les emplois promis n’ont pas été au rendez-​vous. Aucune belle entre­prise ne s’est installée, on a seulement vu des déména­ge­ments de sociétés déjà présentes dans la région. Nous sommes actuel­lement dans la fuite en avant et la désor­ga­ni­sation. Contrairement à Sophia Antipolis, qui poursuit sa croissance.

Mes solutions, à présent. J’ai ai déjà discuté avec Albert de Monaco, et nos échanges sont de grande qualité : lançons une zone franche entre nous et la Principauté. Les repré­sen­tants du patronat monégasque, notamment Philippe Ortelli (le président de la FEDEM, NDLR), y portent beaucoup d’intérêt.

L’équation est simple : Monaco a beaucoup d’argent mais pas de d’espace. Nous, c’est l’inverse. De plus, la circu­lation entre Nice et le Rocher reste très complexe. Les solutions évoquées, comme par exemple un métro, seraient très, très coûteuses, et pas acces­sibles avant de nombreuses années.

L’idée serait de proposer dans la Plaine du Var des emplois monégasques, c’est-​à-​dire des inves­tis­se­ments issus des activités de la Principauté, avec le droit du travail, fiscal, social monégasque. Au lieu de bouger le piano, avançons le tabouret !

Ce dévelop­pement devra être accom­pagné par la construction d’un nouveau palais des congrès, puisque Christian Estrosi a tué le tourisme d’affaires en rasant Acropolis. Le machin installé au Port (le complexe Océanice, NDLR) n’est pas une alter­native crédible. Il n’est pas aménagé, pas au niveau, et on me dit que les premières réser­va­tions effec­tuées pour des évène­ments privés s’annulent les unes après les autres.