«La nostalgie de mes six albums résonnera pour vous, sur cette scène mythique parisienne, qui fut la toute première à m’avoir accueillie… » Dimanche et lundi, Alizée donne rendez-vous à son public pour deux concerts, à guichets fermés, à L’Olympia. L’artiste de 41 ans qui, depuis une dizaine d’années, a délaissé la chanson pour l’école de danse qu’elle a ouverte en Corse, adresse ainsi un clin d’œil à ses fans qui la suivent depuis Moi… Lolita. Vingt-cinq années se sont écoulées depuis ce tube signé par le tandem Mylène Farmer – Laurent Boutonnat.
Parmi les six albums qu’elle évoque dans son message promotionnel, il en est un qui a une place à part : Une enfant du siècle, sorti en 2010 et dont elle n’a pas assuré la promotion, se contentant d’un showcase de trois titres au Point Ephémère à Paris. « Elle l’a complètement renié, en disant qu’elle ne se reconnaissait pas là-dedans, avance à 20 Minutes Thibaud Carayol, créateur du podcast « Le jour pop ». C’est une erreur de parcours. Mais une jolie erreur de parcours, parce que le disque est réussi. »
Se réinventer, comme Madonna
Au moment où Alizée se lance dans l’aventure d’Une enfant du siècle, les années Farmer/Boutonnat, qui ont œuvré sur ses deux premiers opus, sont déjà loin. En 2007, la chanteuse a produit elle-même son troisième album, Psychédélices, qui finira certifié disque d’or, sur lequel elle a notamment travaillé avec Jérémy Châtelain, son mari de l’époque, en convoquant de solides signatures : Daniel Darc, Oxmo Puccino, Jean Fauque…
« Parmi la dizaine de titres, figure Fifty Sixty qui a été remixé quelque temps plus tard par un gars du label Institubes. Il a complètement retourné ce morceau, qui à la base était très pop et acidulé, en quelque chose de plus indé et branché, raconte Thibaud Carayol. Ces sonorités plaisent à Alizée. Elle est une grande fan de Madonna. Je pense qu’elle a été influencée par cette idée de se réinventer, comme l’a fait son idole en collaborant avec William Orbit et Mirwais ». Alizée se rapproche donc d’Institubes et notamment du trio Château Marmont qui a œuvre sur l’essentiel d’Une enfant du siècle. Un disque mis en vente à la fin de l’hiver 2010.
« Il a été plutôt bien reçu par la presse mais totalement défoncé par son public. Les gens ont été surpris par cette association. Après, pour nous, c’était déjà plus de disques qu’on n’espérait », a déclaré en 2013 à Gonzai, Julien Galinier, l’un des membres du groupe. « En France, ça a dû faire 7.000, 8.000 disques vendus », a précisé son acolyte Guillaume De Maria.
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J’accepte« Un album qui ne lui ressemble pas »
« Ils avaient sans doute envie de s’encanailler, si je puis dire, avec l’icône pop mainstream qu’était Alizée à ce moment-là, de jouer avec l’idée qu’elle avait été conçue sur mesure par Mylène Farmer et Laurent Boutonnat, comme un produit formaté de l’industrie. Mais, si on prend un peu de recul, les deux albums qu’elle a fait avec Farmer et Boutonnat [Gourmandises et Mes courants électriques] sont beaucoup plus authentiques et proches d’Alizée que ce qui a été fait par Château Marmont. Eux ont projeté dans leurs compositions ce qu’ils voyaient d’Alizée. Mais, du coup, c’est un album qui ne lui ressemble pas », estime Thibaud Carayol.
Il faut dire qu’Une enfant du siècle est un concept album inspiré de la vie et du destin tragique d’Edie Sedgwick, actrice, mannequin et égérie d’Andy Warhol. Le disque est un voyage électro, un brin pop, dans le New York bouillonnant des années 1960. Les morceaux convoquent une nostalgie planante, une légèreté solennelle, le revers sombre des projecteurs…
Thibaud Carayol reprend : « A l’époque, elle avait un public venu de Farmer, qui avait entre 15 et 20 ans au moment de Moi… Lolita et donc dix années de plus au moment d’Une enfant du siècle, et qui a pu accrocher avec ce qu’elle proposait. Mais le grand public, lui, s’est lassé et ne l’a pas suivie. Tout comme, à la même période, il n’a pas suivi Jenifer, et encore moins Lorie. » Le quatrième album d’Alizée n’a donc vu qu’un seul de ses titres, Les Collines (Never Leave You), sortir en single.
« Un cadeau à son public »
Par la suite, Alizée sortira deux autres albums, 5, en 2013, et Blonde, en 2014, dans la foulée de sa victoire dans « Danse avec les stars ». Ce dernier disque, produit par Pascal Obispo, n’a pas non plus trouvé son public. « C’est ce qui l’a convaincue, je pense, de faire une pause dans la musique, estime Thibaud Carayol. Et la pause dure depuis plus de dix ans maintenant. Elle s’est depuis épanouie totalement dans la danse, avec son école, son mari et ses enfants. Je ne suis pas sûr que ses deux Olympia laissent augurer d’un retour à la chanson. C’est surtout un cadeau qu’elle fait à son public. »
Si elle interprète ne serait-ce qu’un titre d’Une enfant du siècle, la surprise sera particulièrement forte. Si elle ne le fait pas, l’album consolidera son statut de disque maudit… Alors qu’il mérite largement d’être redécouvert !