Focaccia, pizza, arancini… Depuis plusieurs mois, Rennes est atteint par une maladie particulière : la fièvre italienne. Le symptôme : l’ouverture en grand nombre d’adresses affichant à leur carte des produits transalpins. « Il y a une vraie demande et une grosse évolution en ce moment dans ce domaine », constate Pierre Clolus, administrateur de l’Umih 35, la Chambre syndicale départementale de l’industrie hôtelière d’Ille-et-Vilaine.
Le Rennais, bon public ?
Gruppomimo, Tripletta, Supino… Parmi ces ouvertures qui fleurent bon la dolce vita, se trouve Triskele, rue des Francs Bourgeois. À sa tête, Alessandro Raciti et sa compagne Roberta Castiglione. Dans leur boutique, ouverte au début de l’été, le couple propose de la nourriture sicilienne. Et la formule fonctionne : « es Rennais sont fascinés par la focaccia, et la street food italienne », assure le cuisinier.
Depuis quatre ans, Leonardo Peruzzi a ouvert avec son frère Ciao Bella, pizzeria réputée de Rennes. Pour lui, l’installation de ces nouvelles adresses, « témoigne d’un bon dynamisme dans le secteur. C’est plutôt bien ». L’affaire fonctionne si bien que la fratrie a ouvert une seconde pizzeria, Supino, rue d’Antrain en octobre 2024. Ils inaugureront leur boutique de traiteur dans quelques semaines, à l’angle de la rue d’Antrain et de la rue Saint-Melaine.
Le budget avant tout
Si les restaurants attirent autant, c’est avant tout une question de budget selon le propriétaire de Ciao Bella. « Une pizza ne dépasse pas les 25 €. Les clients peuvent donc bien manger dans un restaurant italien, sans exploser leur budget. C’est malheureusement le contraire pour les restaurants plus classiques. »
Pour lui, cette notation « est importante dans un contexte de crise économique, avec une augmentation des prix. Pour beaucoup de restaurants, c’est difficile, mais j’ai l’impression que les Italiens passent à travers les mailles du filet grâce à ces prix. » « C’est une gastronomie qui n’est pas trop chère », abonde Pierre Clolus.
Une concurrence trop élevée ?
Avec cette offre croissante, le marché risque-t-il de saturer à Rennes ? Pour Pierre Clolus, c’est un risque à anticiper. « Effectivement, ça risque de boucher. Il y a un effet de mode, notamment pour les gros concepts, qui risque de s’essouffler. À Paris, c’est facile, un peu moins ici. »
Un avis partagé par le propriétaire de Ciao Bella : « Nous ne sommes pas similaires aux concepts venus de Paris, avec des prix assez élevés. Ça peut marcher au début, mais je ne vois pas comment ça peut durer. »
Une identité propre
Pour se différencier, les restaurateurs misent sur un ingrédient essentiel : leur originalité. Pour Leonardo Peruzzi, « chacun à son identité et sa clientèle. Nous avons un public familial, avec des produits frais. On choisit de moins faire de marge en proposant des prix un peu plus bas. »
Alessandro, avec accent italien bien marqué, veut justement transmettre son identité sicilienne dans sa cuisine : « Ma boutique est assez originale, j’ai des produits uniques, qu’on ne trouve pas ailleurs à Rennes. ». Toutefois, il ne se berce pas d’illusion sur l’avenir : « Pour l’instant je suis tranquille, mais je ne sais pas si dans une semaine ou dans un mois, je serai encore le seul à proposer ça. »