La pollution de la mer Méditerranée par la station d’épuration de Saint-Laurent-du-Var serait bien plus ancienne que ce qui a été envisagé dans un premier temps par la Métropole.

En avril 2025, Hervé Paul, le président de la régie Eau d’Azur, propriétaire pour le compte de la Métropole de la station, affirmait: « En juillet 2024, on a vu la qualité des eaux de baignade qui se dégradait. »

Deux mois plus tard, en juin 2025, Hervé Paul avouait: « Les investigations menées par la brigade enquête environnement de la gendarmerie vont bien au-delà de cette période. »

Le président de la société Serex, exploitant jusqu’au 15 avril 2025 de la station, Pierre Cancian, avait répliqué dans nos colonnes que les membranes qui filtraient les eaux usées « n’avaient pas été changées depuis juillet 2012 et juillet 2013. (…) Nous avions dit depuis longtemps à la régie Eau d’Azur que les membranes étaient obsolètes. C’était à eux de les changer. »

Tandis que la Métropole contre-attaquait: « Le renouvellement des membranes ne vise qu’à détourner l’attention des errements de Serex dans l’exploitation de la station. » Et pointait « l’utilisation d’un bypass (système de dérivation) d’eaux usées par Serex ».

« Si l’eau est propre maintenant, c’est bien que la station est responsable de la pollution de la mer »

Une chose est sûre: il n’y a pas eu de pollution manifeste des eaux de baignade cet été.

« Les contrôles hebdomadaires réalisés par l’agence régionale de santé (ARS) depuis le début de la saison estivale confirment une bonne qualité de l’eau sur l’ensemble de nos zones de baignade, conformément aux normes européennes », se réjouissait la Ville de Saint-Laurent-du-Var dans un communiqué daté du 13 août 2025.

Et de compléter: « Nous rappelons que la station de Saint-Laurent-du-Var a bénéficié, au printemps, de travaux majeurs sur ses membranes de filtration et d’une optimisation de ses traitements biologiques.

Depuis ces interventions, aucun problème ayant engendré de pollution n’a été constaté sur notre commune en lien avec la station. »

Effectivement la qualité des eaux de baignade est de bonne qualité dans 84% des prélèvements et moyenne dans 16% des cas. « Pas d’analyse de mauvaise qualité », s’empressait de noter la Ville de Saint-Laurent.

Pour Françoise Loquès, docteur en biologie marine et directrice générale de Mission bleue, le rapport de cause à effet est limpide: « Si l’eau est propre maintenant, après les travaux de la Métropole, c’est bien que la station est responsable de la pollution de la mer Méditerranée. »

Et de poursuivre: « La vétusté de la station d’épuration explique que le traitement ne se faisait pas. Depuis le changement des membranes, la qualité de l’eau s’est améliorée. »

Effectivement, nous avons analysé les prélèvements effectués par l’agence régionale de santé sur dix ans. On constate un net décrochage de la qualité des eaux de baignade de Saint-Laurent-du-Var depuis 2018.

Durant l’été 2025, cette qualité s’est nettement améliorée. L’analyse la plus médiocre n’a jamais atteint ces trois derniers mois le classement « mauvais ».

Une pollution de la mer depuis 2018

« Au cours de la saison, la qualité microbiologique instantanée d’un prélèvement d’eau de mer est qualifiée de mauvaise si supérieure à 370 pour les entérocoques intestinaux (UFC / 100ml [1]); mauvais si supérieur à 1.000 pour l’escherichia coli (UFC / 100ml [1]) », explique l’agence régionale de santé.

Sur la plage de Cousteau (sur l’infographie), la plus proche géographiquement de la station d’épuration et de l’embouchure du Var, les niveaux d’entérocoques intestinaux sont mauvais à six reprises entre 2014 et 2017 et 42 fois entre 2018 et 2024 avec un pic à 34.688.

Pour les analyses d’escherichia coli, elles sont mauvaises à cinq reprises entre 2014 et 2017 et 32 fois entre 2018 et 2024 avec un pic à 34.687.

En 2025, après le changement des membranes de filtration et une optimisation des traitements biologiques, la plus mauvaise analyse pour les entérocoques intestinaux a été effectuée le 21 juillet avec un prélèvement à 160.

Pour l’escherichia coli, c’était le 4 juin avec un prélèvement à 160.

1. L’unité formant colonie (UFC) sert à mesurer les quantités de bactéries dans une eau.


Alain Ricci.