La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a dévoilé vendredi un projet de centre d’accueil au zoo de Beauval (Loir-et-Cher). Ce site serait destiné aux douze dauphins du Marineland d’Antibes (Alpes-Maritimes), aujourd’hui sans solution après la fermeture définitive du parc en janvier.
Ce projet reste toutefois incertain : son financement n’est pas arrêté et il n’offrirait pas de solution pour Wikie, une orque de 24 ans, et son fils Keijo, âgé de 12 ans. Tous deux demeurent pour l’instant sans perspective d’accueil.
Si l’idée se concrétise, il faudra patienter au minimum deux ans avant une ouverture. « Il faut une bonne année de travaux à peu près, mais c’est encore avec des grands points d’interrogation », a expliqué le directeur général du zoo de Beauval, Rodolphe Delord, joint par téléphone.
« J’ai 35.000 animaux à Beauval mais je n’ai aucune structure pour accueillir les dauphins actuellement », a-t-il ajouté, précisant avoir été sollicité par la ministre et par l’ambassadrice à l’environnement Barbara Pompili. « Ce n’était pas du tout dans mes projets », a-t-il reconnu.
Un financement encore flou
À ce stade, ni le montant définitif ni la provenance des fonds nécessaires n’ont été précisés par le ministère. Le directeur de Beauval avance un coût estimé « entre 20 et 25 millions ». « Je ne peux pas aujourd’hui financer l’intégralité du sanctuaire, j’en financerai une partie certainement », a-t-il déclaré, appelant le gouvernement « à prendre ses responsabilités ».
L’an dernier, les autorités avaient refusé le départ des dauphins vers un parc japonais. Quant au transfert demandé par Marineland vers des structures espagnoles, il est aujourd’hui bloqué par les autorités locales. Aucun projet de sanctuaire marin en semi-liberté ne devrait aboutir à court terme.
Un projet pionnier pour les dauphins
Mercredi, une réunion entre le gouvernement, des ONG, Beauval et un expert des mammifères marins a confirmé « l’urgence » de lancer un « projet pionnier » pour offrir une alternative aux dauphins, selon le ministère. Alors que de plus en plus de delphinariums ferment en Europe, près de 65 cétacés pourraient avoir besoin d’une solution d’accueil dans les années à venir.
Ce futur centre pourrait constituer « le premier jalon d’un réseau européen de centres d’accueil », en parallèle d’initiatives en Italie et en Grèce. À Beauval, une vingtaine d’animaux pourraient évoluer dans plusieurs lagons, au sein d’un projet axé sur le « bien-être des dauphins » et appuyé par des programmes scientifiques.
Marineland alerte
De son côté, Marineland réclame depuis plusieurs mois une solution rapide pour transférer ses cétacés. Une expertise judiciaire sur l’état des bassins, jugés vieillissants, doit être rendue prochainement.
Cet été, une vidéo tournée par une ONG avec un drone a relancé la polémique. Elle montrait des soigneurs stimulant sexuellement Keijo. « Keijo arrive à l’âge de l’adolescence, avec des pulsions sexuelles de plus en plus fortes. Afin d’éviter des rapports consanguins avec sa mère mais également afin d’éviter qu’ils se battent et se blessent, Marineland a décidé de stimuler sexuellement Keijo afin de faire baisser les tensions », avait justifié la direction du parc.
Avec AFP