À l’approche des municipales, plusieurs mairies dont celle de Lyon ferment les commentaires sur leurs réseaux sociaux. Une mesure conforme au code électoral mais dénoncée par l’opposition comme une atteinte au débat démocratique.

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Impossible désormais de critiquer… ou d’encenser la gestion de la commune sur les réseaux sociaux. À six mois des élections municipales, la Ville de Lyon a décidé de suspendre temporairement les commentaires sur ses publications Facebook, Instagram et X.  

Neutralité selon le maire, déni de démocratie selon l’opposition

Le maire écologiste Grégory Doucet, candidat à sa réélection, justifie cette décision par la nécessité de protéger les canaux institutionnels contre toute forme de propagande électorale. “Cette mesure vise à garantir une stricte neutralité et à éviter toute utilisation inappropriée de ces canaux de communication institutionnels dans le cadre du scrutin à venir”, écrit-il dans un communiqué.  

Selon lui, c’est donc une précaution indispensable pour éviter que les réseaux sociaux de la Ville soient instrumentalisés durant la campagne. 

Mais pour l’opposition, cette mesure revient surtout à esquiver la critique. Thomas Rudigoz, député Renaissance et opposant au maire, dénonce une atteinte au débat démocratique. “Ils disent qu’ils ne veulent plus, sur leurs publications, de commentaires, parce que je pense que les commentaires, des fois, sont très critiques”, réagit-t-il. “Je trouve que c’est une drôle de façon de vivre la démocratie.”

Mais Lyon n’est pas un cas isolé. Dans la Drôme, la commune de Chabeuil a également choisi de fermer ses commentaires. Son maire, Alban Pano, invoque la multiplication des fausses informations et des faux profils en période électorale.  “Pour les collectivités, c’est quelque chose de nouveau et ça peut partir dans tous les sens avec certaines contre-vérités, parfois des mensonges. Dans une période électorale, on se doit d’avoir cette neutralité, justement,” explique  le Maire de Chabeuil 

Le code électoral impose aux collectivités « neutralité » et « loyauté » en période de campagne, mais ne mentionne pas spécifiquement les commentaires en ligne. “En fermant les commentaires, il y a un principe de précaution qui s’affiche.  Le site officiel, c’est un site informationnel.  La campagne politique doit se faire ailleurs pour éviter tout risque de sanction judiciaire”, décode Christophe Chabrot. Pour le maître de conférences en droit public à l’Université Lyon 2, fermer tous les commentaires ne peut pas être assimilé à une censure : “La censure reviendrait à museler toute opposition qui peut tout à fait s’exprimer dans les journaux”.

Par ailleurs, la fermeture des commentaires s’applique à tout le monde et pas seulement à un camp politique. “Le fait de fermer tous les commentaires permet justement d’éviter d’avoir cette dentelle de la censure. Là, personne ne s’exprime. Ou plus exactement, les expressions politiques sur les informations données par la Ville de Lyon s’expriment sur des lieux politiques”. Et d’insister : “Le site de la Ville de Lyon n’étant plus un lieu politique, c’est juste un lieu d’information municipale.” 

En cas de manquement aux règles électorales, le risque est réel : le non respect du code électoral peut être sanctionné de 75.000 euros et même annuler le scrutin en cas de faible écart de voix.