Le premier adjoint au maire de Nice a proposé des rencontres à des soutiens d’Éric Ciotti, qui travaillent sur sa future candidature aux municipales.

L’affrontement à distance et en coulisses entre les frères ennemis de la Côte d’Azur se poursuit, non sans ruse, vice et roublardise. Des soutiens locaux d’Éric Ciotti en vue de sa très probable candidature aux prochaines municipales à Nice (Alpes-Maritimes) ont reçu de surprenants messages il y a peu de temps de la part du camp du maire Christian Estrosi. Des courriels notamment, récupérés par Le Figaro, sont signés de son premier adjoint, Anthony Borré. Ils ont été envoyés à des personnes faisant partie des «groupes de travail» formés par le député niçois et qui sont censés plancher sur un projet concurrent pour la capitale azuréenne.

«J’ai appris que vous aviez participé récemment à une réunion de réflexion sur l’avenir de notre ville à l’initiative d’un opposant politique au maire de Nice», écrit d’abord le bras droit de Christian Estrosi en référence à ces groupes que le parlementaire avait lancés il y a plus d’un an. Fin février, Éric Ciotti avait d’ailleurs réuni une cinquantaine de membres. Même s’il n’a pas encore officialisé sa candidature à moins d’un an de l’élection de mars 2026, le patron de l’UDR leur avait assuré que «rien ne le fera dévier», selon plusieurs participants. Son nouveau parti revendique par ailleurs 5500 adhérents dans les Alpes-Maritimes.

Cependant, l’entourage du maire de Nice semble donc essayer de les récupérer. «Sachez que cela nous a fait beaucoup de peine, tant l’engagement que nous mettons avec Christian Estrosi à servir Nice est total et que nous cherchons toujours à respecter ceux qui peuvent faire d’autre choix», poursuit ainsi Anthony Borré, par ailleurs en charge de la sécurité de la ville. C’est ce dernier qui, comme en 2020, est officieusement chargé de composer la future liste autour de la candidature Estrosi. Il consulte et reçoit déjà diverses personnalités en ce sens, comme on le constate à l’hôtel de ville.

«Comprendre les raisons»

Dans ce message, il ajoute : «Cela nous ferait très plaisir de comprendre les raisons qui vous ont conduit à emprunter cette voie. Je serai très heureux d’échanger avec vous à ce sujet si vous le souhaitez bien entendu», conclut-il avant de signer de son nom en lettres capitales, et comme si cela était nécessaire, de préciser sa fonction. «Je n’ai envoyé aucun SMS à des soutiens d’Éric Ciotti», affirme Anthony Borré, contacté par Le Figaro. «J’échange de manière individuelle avec des Niçois comme je le fais depuis toujours. Il m’a effectivement été rapporté que des personnalités avaient été récemment sollicitées pour participer à ce fameux cercle des experts promis par le candidat Ciotti et qui, disons-le, n’a pas été une franche réussite», explique encore l’élu, membre du parti Horizons.

Selon nos informations, c’est à partir d’une liste de ces soutiens à Éric Ciotti que le premier adjoint a pu envoyer ces propositions de rencontres. Dans ce document se trouvent bien les différentes coordonnées, adresses électroniques et numéros de téléphone, de personnalités proches du député. Impossible de réellement savoir combien ont donné suite. «Ils avaient un bon atout entre les mains», admet un «ciottiste». «Mais par la forme de ce message, ils ont réussi à ce que ça se retourne contre eux. Plusieurs personnes nous l’ont transféré, c’est un bon test de fiabilité», poursuit-il.

Beaucoup d’entre eux sont venus depuis échanger avec nous

Anthony Borré, à propos de certains soutiens d’Éric Ciotti

«Ce sont des déçus de ces groupes qui nous ont apporté cette liste», assure a contrario un «estrosiste». Il assure que sept personnes ont été «débranchées», en plus de ceux déjà partis lors du choix d’Éric Ciotti de s’allier avec le Rassemblement national. «Beaucoup d’entre eux sont venus depuis échanger avec nous et nous ont exprimé leur amour pour Nice et le refus de participer à toute démarche qui viendrait la salir», indique Anthony Borré.

Dans le camp de Christian Estrosi, qui a lui déjà annoncé sa candidature pour un quatrième mandat, on pense qu’affaiblir son ancien protégé devenu son grand rival pourrait le faire renoncer, comme lors de l’échéance de 2020. Au début de l’année, la municipalité niçoise avait déjà réussi à débaucher trois personnes servant les intérêts d’Éric Ciotti au sein du conseil départemental, où il préside la commission des finances. De discrètes manœuvres qui semblent se poursuivre, preuve d’une campagne déjà bien engagée.