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La société Miss France répond au livre choc sur les agressions sexuelles dans le concours (Photo : les anciennes gagnantes Miss France lors d’un gommage à Geneviève de Fontenay en 2023)
MISS FRANCE – Le revers des paillettes : le cauchemar. Le concours Miss France est dans la tourmente à l’approche de la sortie d’un livre choc sur les coulisses, parfois très sombres de cette institution. Hubert Guérin, dernier collaborateur en date de Geneviève de Fontenay, avec qui il a travaillé pendant onze ans, publie le 8 septembre Miss France, du rêve à la réalité (Éditions Vérone).
Il risque d’y avoir un avant et un après. En effet, l’auteur s’est entretenu avec 60 anciennes lauréates ou candidates, qui lèvent le voile sur les coulisses du concours, entre dépression, harcèlement et violences sexuelles répétées. Le tout, dans une omerta totale, selon les extraits publiés dans la presse, dont Le Point par exemple. En réponse, la société Miss France explique que « s’ils étaient avérés, ces faits toucheraient à des sujets qui nous concernent tous profondément. »
Il faut dire que les témoignages, sous anonymat, sont édifiants. Une dizaine de participantes, dont certaines ex-Miss France, disent avoir subi des viols et agressions sexuelles « dans le cadre du concours, sous la direction de l’organisation Miss France » et parfois même « par des membres de la société Miss France ».
« Provoquer un #MeToo des Miss »
« Je suis arrivée à Miss France vivante, je suis sortie de mon année morte », a confié l’une d’entre elles. « Élue Miss France, je suis violée quelques heures plus tard : dans ma chambre, on me pousse contre le lit, on me traite de tous les noms et on me déchire la robe », témoigne encore une Miss, quand une autre dit : « Le lendemain de mon sacre, je suis forcée à faire une fellation. » Une autre encore : « moi, Miss France, j’ai été victime de viols pendant mon année ».
Et dans tout cela, le silence. Même auprès de Geneviève de Fontenay, figure du concours, elles n’ont osé parler. « Nous voulions la rendre fière, ne pas nous faire passer pour des pauvres victimes. Elle qui se battait pour qu’on soit respectée dans la société », explique une Miss à Hubert Guérin.
Ce dernier reconnaît : « Ces souffrances sont inaudibles pour le grand public. » « On vend tellement un rêve qu’on ne peut pas dire qu’on a souffert pendant cette année-là », explique-t-il dans le journal Le Progrès. C’est pour cela qu’il a écrit ce livre, pour leur permettre de rendre leurs maux publics. « L’objectif, c’est de provoquer un #MeToo des Miss. Dire : vous n’êtes pas seules, parlez, révélez, dites ce qui s’est passé ».
La réponse de la Société Miss France
D’après l’auteur, une partie de ces agressions sexuelles auraient eu lieu lors des voyages de préparation à l’étranger, parfois jusqu’au soir de l’élection, principalement entre 1990 et 2002. Moins de 10 % des Miss France seraient concernées.
De son côté, la société Miss France a déclaré dans un communiqué publié vendredi 5 septembre avoir « pris connaissance des allégations » rapportées dans le livre. Rappelant que les faits sont antérieurs à la prise de contrôle de la Société Miss France par Endemol, puis par le groupe Banijay, elle précise qu’elle ne peut pas « juger de la véracité de ces allégations ».
« Néanmoins, s’ils étaient avérés, ces faits toucheraient à des sujets qui nous concernent tous profondément : la sécurité, la dignité et le respect de chaque femme. Nous souhaitons rappeler de manière claire et ferme que toute forme de violence sexuelle, d’abus ou de harcèlement est inacceptable et condamnable. », peut-on encore lire dans le communiqué.
La Société assure que « si ces faits sont avérés », elle exprimera sa « solidarité » et son « soutien total envers les victimes ». Elle invite enfin toute personne concernée à saisir les autorités compétentes.