Une fois encore, les proches des 116 victimes du crash du vol AH5017 d’Air Algérie devront attendre. En 2023, le procès pour homicides involontaires contre la compagnie espagnole Swiftair, qui louait l’avion à Air Algérie, avait déjà été ajourné après que la défense de la compagnie a soumis à la cour de justice de l’Union européenne (CJUE) quatre questions préjudicielles.
Deux ans plus tard, jeudi 3 avril 2025, la CJUE a tranché : les questions ont été jugées irrecevables. Toutefois, l’arrêt rendu précise que le « tribunal correctionnel conserve toutefois la faculté de soumettre une nouvelle demande de décision ». Autrement dit, de nouvelles questions pourront être soumises, ce qui repousserait encore l’échéance d’un procès.
« Ça fait onze ans qu’on demande qu’ils assument leurs responsabilités »
Quand, en 2014, l’avion d’Air Algérie s’est crashé au nord du Mali, il avait à son bord cinquante-quatre Français dont deux Vendômois : Patrick Scellier, directeur des services techniques de la ville, et l’élu Frédéric Tricot. La veuve de ce dernier, Sandrine Tricot, est aujourd’hui vice-présidente de l’association AH5017 – Ensemble et présidente de la Fenvac (Fédération nationale des victimes des attentats et accidents collectifs). Pour ce collectif, la décision du 3 avril représente une raison supplémentaire de ne pas abandonner. « On s’attendait à un oui ou un non, nous n’avons eu ni l’un ni l’autre. Et il a fallu deux ans avant d’obtenir cette réponse. Mais nous serons toujours aussi déterminés. Tout simplement parce que même onze ans plus tard, on ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé. C’est l’intérêt d’un collectif : personne ne baisse les bras en même temps. » À la fois pour AH5017 – Ensemble et pour la Fenvac, le procès aurait également un intérêt de prévention. « On veut savoir concrètement ce qui a été mis en place depuis, par la compagnie, pour éviter que ça ne se reproduise. »
Une détermination et une endurance nécessaire, d’autant que Sandrine Tricot pressent que la compagnie ne s’arrêtera pas là. « Ce que fait Swiftair, c’est jouer le contre-la-montre. On se doute que la défense mettra tout en œuvre juridiquement pour repousser le procès, ça fait onze ans qu’on demande qu’ils assument leurs responsabilités. »
« Je n’arrive pas à en vouloir à la justice française »
Quant au sujet du soutien de l’État aux victimes, Sandrine Tricot se dit partagée. « Il y a deux ou trois ans, nous avons écrit une lettre au Garde des sceaux de l’époque, Éric Dupond-Moretti. Nous attendons toujours une réponse, souffle-t-elle. Pour autant, je n’arrive pas à en vouloir à la justice française, je connais les moyens alloués aux services publics. » Pour les associations, la prochaine date importante sera en juillet, quand un point sur les suites de la procédure sera fait avec les avocats.