Chaque année, c’est un rendez-vous qu’il ne manquerait pour rien au monde. Sous un soleil de plomb, lunettes de soleil bien ajustées, sourire aux lèvres et polo des grands jours, Roland Garonne est d’une élégance toute particulière.

« L’ascension du Faron? Impossible de la rater! Je la fais tous les ans depuis sa création », lance-t-il avec enthousiasme.

Mais en ce samedi, ce n’est pas sa tenue soignée qui attire les regards: c’est bel et bien ce bijou mécanique qu’il conduit avec fierté. Une Citroën traction avant 11B de 1952.

Dans une teinte originale que Roland décrit avec humour – « chocolat avec des portes vanille » – cette voiture semble tout droit sortie d’un film d’époque.

Avec un intérieur tout aussi impressionnant: tissu pied-de-poule brun, volant d’origine parfaitement conservé, et même un micro haut-parleur intégré, installé par Roland et témoin d’un autre temps. « Elle est plutôt sympa, non? », lance le sexagénaire, les yeux pétillants de fierté.

Si aujourd’hui, le véhicule ne passe pas inaperçu, il fut un temps où « elle n’était qu’un tas de ferraille « , indique Roland.

De l’épave à la perle rare

Difficile à croire.  » Et pourtant, c’est la réalité « , insiste le Seynois, avant de raconter l’histoire de son petit bolide. En 1986, Roland déniche ce véhicule, à l’état lamentable, dans un garage de La Seyne.

« C’était une épave, elle ne démarrait même plus, et personne n’en voulait. Je l’ai payée à peine 3.000 francs — soit environ 900 euros! se souvient-il. Mais j’ai senti son potentiel. Et puis surtout, j’ai eu un coup de cœur, ça ne s’explique pas. » À l’époque, il ne s’agit pas de sa première restauration: deux ans plus tôt, il avait déjà acquis une première Traction, qui était en pleine rénovation. Mais retaper cette nouvelle voiture s’annonçait être un travail de plus longue haleine.

Méticuleux et passionné, Roland consacre alors tout son temps libre à la restauration de sa Citroën. À l’époque, il travaille à l’Arsenal de Toulon.

Mécanique, carrosserie, recherche de pièces d’origine et de tissu: chaque détail est soigné. L’épave se transforme peu à peu. Et après quatorze années, en 2000, la Traction renaît. Flambant neuve, étincelante, et surtout prête à arpenter les routes de l’ouest varois.

« Mais finalement, je ne la sors pas souvent. Elle reste garée bien au chaud; Là, par exemple, cela faisait trois ans qu’elle n’avait pas roulé. » L’ascension du Mont Faron était donc l’occasion idéale de montrer à ses amis du club des Anciennes automobiles varoises ce qu’elle est devenue.

Un rêve d’enfant devenu réalité


Avant de gravir les pentes du Faron à bord de leurs bijoux anciens, les propriétaires de véhicules se sont retrouvés sur le parking des plages du Mourillon. Top départ pour une journée de partage entre passionnés. Photo Frank Muller.

Cette passion, qu’il partage avec d’autres amoureux de véhicules anciens, est née lors de son enfance. « Minot, j’en voyais de temps en temps. Mais c’était surtout dans les films, souvent conduites par des policiers ou des mafieux. Ce modèle m’a toujours fasciné. « 

Le rêve devient une réalité en 1984, date à laquelle il achète sa toute première Traction. Deux ans plus tard, une deuxième.

« Si j’avais la place pour les garer, j’en aurais des dizaines! » plaisante-t-il. La passion est contagieuse: son père et ses trois frères s’y mettent aussi. « Un peu grâce à moi, j’en parle tellement autour de moi. Ma femme et ma fille ont vu toutes les étapes des restaurations et m’ont soutenu. »

Pour le passionné, ses Tractions sont plus que de simples voitures. « Elles font partie de ma famille. Elles ont été là dans les moments de ma vie, bons comme mauvais. Je les aime vraiment. Ce n’est pas qu’une passion mécanique. Elles m’ont accompagné à chaque tournant de ma vie. »

Chacune d’elles porte son lot de souvenirs. Et quand Roland prend le volant de sa Traction, c’est tout ce passé et ces moments partagés qu’il emmènent avec lui dans sa balade…