La police du Bangladesh a annoncé samedi qu’elle tentait de retrouver des militants islamistes accusés d’avoir la veille exhumé et brûlé le corps d’un religieux sunnite modéré, suscitant réprobation et indignation dans tout le pays.

Victimes pendant des années de la répression exercée par l’ex-première ministre Sheikh Hasina tombée il y a un an, les mouvements islamistes ont depuis refait surface au Bangladesh. De nombreux incidents et violences publics leur ont été imputés ces derniers mois, visant notamment la minorité musulmane soufie. Le soufisme est une pratique mystique et ésotérique considérée comme déviante par les partisans d’un islam rigoriste.


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Vendredi à Rajbari, à l’ouest de la capitale Dacca, des militants islamistes ont attaqué la sépulture d’un responsable soufi, Nurul Haque, enterré en août selon les préceptes de sa confession. «Sous la bannière du “comité Iman-Aqida Raksha”, certains ont demandé à ce que sa sépulture soit modifiée», a raconté un journaliste local, Azaz Ahmed. «Après la grande prière, le comité a organisé un rassemblement et envahi la sépulture».

«Aucun d’entre eux ne sera épargné»

«Quelque 2000 personnes, armés de barres à mine, de marteaux et de gourdins ont envahi le tombeau de Nurul Haque et l’on détruit», a rapporté le chef de la police du district, Md Kamrul Islam. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent la foule traînant la dépouille du religieux dans la rue avant de la brûler.

De violents affrontements ont ensuite opposé les militants islamistes à la foule, faisant au moins un mort et une cinquantaine de blessés, dont trois se trouvaient samedi dans un état critique, a-t-on appris samedi de source hospitalière locale. L’homme retrouvé mort, Russell Molla, 28 ans, était l’un des gardiens de la sépulture, a précisé la police. «Les auteurs (des violences) sont en cours d’identification, aucun d’entre eux ne sera épargné», a assuré le chef de la police locale. Le gouvernement provisoire, dirigé par le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, a aussitôt condamné un acte «inhumain et méprisable». «Les barbaries ne seront pas tolérées», a-t-il ajouté, en promettant de défendre «l’État de droit».

Largement formé des étudiants qui ont précipité la chute de Sheikh Hasina en août dernier, le Parti national des citoyens (NCP) a dénoncé «l’échec» des autorités à garantir l’ordre public. «Nous sommes très inquiets», a confié un défenseur des droits humains, Abu Ahmed Faijul Kabir. Interdit sous l’ancien gouvernement, le principal parti islamiste du pays, le Jamaat-e-Islami, a été autorisé à participer aux élections prévues en février.