Symbole de renouveau scientifique en Syrie, cette découverte d’un fossile complet de tortue marine, baptisé Syriemys lelunensis, remonte à 50 millions d’années. Elle remet en lumière l’histoire évolutive des tortues, les espèces marines disparues et le potentiel géologique d’une région longtemps oubliée.

Fossile de tortue découvert dans le sol, entouré d’outils d’archéologues lors de fouilles.Ce fossile de tortue de 50 millions d’années apporte de précieuses informations sur l’évolution des espèces marines disparues – DailyGeekShow.com

Une nouvelle espèce de tortue marine découverte dans le nord de la Syrie

Près d’Afrin, en Syrie, une équipe internationale a identifié un fossile complet d’une tortue marine inconnue jusqu’alors, daté du début de l’Éocène.

Lire aussi 150 tumulus funéraires d’une civilisation inconnue au Kazakhstan intriguent les archéologues

Cette découverte, premier vertébré fossile entièrement décrit pour la Syrie, comprend une empreinte interne complète de la carapace, ainsi que des parties du plastron, du bassin et des membres postérieurs, un matériau particulièrement bien conservé.

Carapace fossilisée de la tortue Syriemys lelunensis découverte en Syrie et étudiée par les paléontologues.La carapace de Syriemys lelunensis combine les racines grecques « Suría » (Syrie) et « emús » (tortue), rappelant son origine – Credit: Wafa Adel Alhalabi

De plus, cette tortue, nommée Syriemys lelunensis, appartenait à la lignée éteinte des Stereogenyini. Grâce à elle, les scientifiques repoussent de plus de 10 millions d’années l’origine connue de ce groupe fascinant.

Une méthode précise confirme l’âge du fossile et éclaire l’origine des Stereogenyini

L’analyse s’est appuyée sur de minuscules foraminifères, extraits de la roche sédimentaire entourant le fossile, pour établir son ancienneté. Cette méthode paléontologique, bien éprouvée, a permis de dater précisément le spécimen à 50 millions d’années.

Lire aussi Un village vieux de 8 500 ans englouti par la montée des eaux refait surface au Danemark

La scientifique Wafa Adel Alhalabi examine et dessine la carapace fossilisée d’une tortue de 50 millions d’années.Wafa Adel Alhalabi, paléontologue syrienne, étudie le fossile de Syriemys lelunensis pour mieux comprendre l’évolution des tortues marines.

Par ailleurs, actuellement, tous les représentants vivants des tortues à cou latéral sont d’eau douce. Or, les Stereogenyini vivaient dans des environnements marins, ce qui explique leur présence fossile sur de nombreux continents : Amérique, Afrique, Asie.

Cette découverte syrienne suggère fortement une origine méditerranéenne, renforçant ainsi les hypothèses géographiques antérieures.

Une science qui persiste malgré la crise politique

Ce fossile provient d’un affleurement exploité en 2010 par explosion dans une carrière près d’Afrin. Conservés pendant 13 ans au bureau géologique d’Alep, les fragments ont récemment été analysés par une équipe internationale. Ainsi, cette collaboration scientifique inclut des chercheurs du Brésil, de Syrie, du Canada, d’Allemagne et du Liban.

Lire aussi Au Mexique, des paléontologues découvrent une nouvelle lignée de mammouth de Colomb

Pour le professeur Max Langer, auteur principal, cette avancée semble presque irréelle tant la situation politique syrienne est complexe.

Pourtant, cette publication prouve que la recherche scientifique survit et progresse, même dans des régions en crise. La série d’articles lancée, intitulée Recovering lost time in Syria, vise à documenter les trésors paléontologiques encore méconnus du pays.

Une redécouverte du patrimoine géologique syrien au service de l’évolution marine

Cette trouvaille dépasse l’intérêt scientifique immédiat. Elle révèle un chapitre oublié de l’évolution des tortues marines et réhabilite le potentiel paléontologique de la Syrie. En effet, elle témoigne de la richesse géologique du Moyen-Orient et de l’importance de préserver ces archives naturelles.

Lire aussi Une découverte archéologique fascinante : la mer révèle un site vieux de 8 500 ans préservé comme au premier jour

En retraçant l’origine des Stereogenyini, cette découverte permet non seulement de combler un vide dans la lignée évolutive des tortues marines, mais aussi de redonner une voix scientifique à un pays en reconstruction.

Elle démontre que, même enfouis sous des décennies de silence, les fossiles peuvent encore nous raconter des histoires essentielles.