En voulant sonner le tocsin lors de la grande conférence sur les finances publiques mardi à propos économies que l’Hexagone va devoir réaliser — 40 milliards d’euros — en 2026, François Bayrou souhaitait tenir « un discours de vérité » aux Français. Mais le Premier ministre a surtout provoqué leur colère et leur mécontentement, selon l’enquête* de l’Observatoire de la politique nationale BVA dévoilé ce jeudi.
Après un budget 2025 déjà guidé par les coupes budgétaires, la perspective de devoir fournir des efforts supplémentaires l’année prochaine irrite près de la moitié (48 %) des personnes interrogées par BVA. Un quart des sondés disent même ressentir « de la colère » contre le gouvernement.
Parmi les différentes classes d’âge, les 50-64 ans sont les plus remontés — 32 % sont en colère — contre l’exécutif. Un sentiment qui n’est sans doute pas étranger à la possible suppression de l’abattement de 10 % sur les pensions de retraite. « Le sujet est sur la table, pour le moment le gouvernement pose la question », a reconnu le ministre de l’Économie, Éric Lombard, le 16 avril sur Franceinfo.
Sur l’échiquier politique, ce sont les sympathisants de Rassemblement national (40 %) et de La France insoumise (37 %) qui apparaissent les plus opposés à tout effort financier. À l’inverse, les électeurs des Républicains sont les plus enclins à soutenir une telle perspective.
Mais de cette conférence, les Français ont surtout retenu une phrase du Premier ministre : « Nous ne travaillons pas assez. » Des propos auxquels ils sont près de 6 sur 10 à s’opposer. Et qui marquent un très fort clivage entre les sympathisants de droite, largement d’accord avec le maire de Pau, et ceux de gauche qui sont à 70 % contre une telle idée.
Trois mesures font consensus
Malgré tout, les Français sont une très large majorité (80 %) à se dire « préoccupés » par le sujet des déficits publics. Même si la question leur apparaît bien moins cruciale que le pouvoir d’achat, la santé, la sécurité ou l’immigration qui arrivent en tête de leurs inquiétudes.
Mais les ménages ne manquent pas d’idée pour lutter contre la dérive des comptes publics. Trois mesures font consensus à plus de 70 % : contrôler davantage les arrêts maladie alors que les dépenses liées aux arrêts de travail ont bondi de 50 % en 8 ans pour atteindre 15,8 milliards en 2023 et que le déficit de la Sécurité sociale devrait s’élever à 22 milliards d’euros cette année ; prolonger la contribution exceptionnelle sur les grandes entreprises qui doit rapporter 8 milliards d’euros à l’État en 2025 ; et rendre pérenne la contribution exceptionnelle sur les revenus des foyers les plus aisés. Une proposition que porte par le locataire de Bercy, Éric Lombard, dont les équipes planchent en ce moment sur un impôt anti-optimisation fiscale.
Du côté du Premier ministre, l’heure des décisions difficiles approche. « Notre but est que ces grands choix soient réalisés avant le 14 juillet », a indiqué François Bayrou mardi. Dans ces conditions, il ne sera pas facile pour le Béarnais de faire remonter sa cote de popularité : 75 % des Français ont aujourd’hui une « mauvaise opinion » de son action à Matignon.
*Enquête réalisée le 16 avril 2025 par Internet. 1 003 personnes âgées de 18 ans et issues d’un échantillon représentatif de la population française ont répondu.