Il est connu pour ne pas prendre de gants. Willy Schraen, le patron des chasseurs français, n’a pas trahi sa réputation, ce samedi 19 avril, à l’occasion de l’assemblée générale de la fédération de chasse des Côtes-d’Armor. Dans un discours fleuve, le président de la fédération nationale tape tour à tour sur « les élus hors-sol de l’écologie punitive, l’extrême gauche anti-chasse » ou bien encore l’Union européenne.
Cette dernière concentre nombre des traits tirés par Willy Schraen qui assure être « en exil dans son Europe ». Lui, qui avait initié et occupait la troisième position sur la liste L’Alliance Rurale pour les élections européennes de 2024, ayant obtenu seulement 2,35 % des voix. « Une branlée », reconnaît-il.
La chasse plombée par l’Europe
« Il n’y a rien de plus dangereux qu’un techno de l’Europe qui s’emmerde devant son ordi et doit trouver une nouvelle idée pour justifier son salaire », lance Willy Schraen, face à un auditoire conquis. Dans son viseur une proposition de la Commission européenne visant à réglementer l’usage du plomb. « Si rien n’est fait, dans 18 mois, le plomb sera interdit dans nos balles de carabine et dans trois ans dans nos grenailles », s’insurge-t-il, y voyant une attaque en règle contre la chasse.
Willy Schraen s’oppose à la volonté de l’Union européenne de réglementer la présence du plomb dans la chasse et de mettre fin à la chasse à la palombe à l’aide de filets. (Le Télégramme/Julien Molla)
« Il va falloir trouver une solution pragmatique, loin du délire de l’Europe », assure Willy Schraen. Il a sollicité Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, pour « mettre en place une période de transition de dix ans et la possibilité de continuer à écouler les stocks ensuite ».
Défenseur de la chasse « traditionnelle »
Une autre source d’énervement concerne la volonté de Bruxelles de mettre un terme à la chasse à la palombe à l’aide de filets, comme pratiqués dans cinq départements français. « Ça les rend malade que quelques oiseaux soient piégés par des méthodes ancestrales », s’agace-t-il en tançant ceux qui « rêvent d’une Europe uniforme, insipide, sans saveur ». Le président assure que les chasseurs ne se laisseront pas faire et vont saisir la Cour européenne des droits de l’homme sur ce dossier, pour défendre la chasse traditionnelle et « nos identités culturelles françaises ».
Willy Schraen a livré son réquisitoire contre une Union européenne « hors-sol » devant une assemblée conquise. (Le Télégramme/Julien Molla)
Pour Willy Schraen, l’année 2025 sera manifestement offensive. Les fédérations et les chasseurs sont invités à remettre, le dimanche 17 mai, une copie du manifeste pour la chasse dans chacune des mairies de France. Il annonce aussi « un peu de tension » avec l’État sur la question de l’indemnisation versée aux agriculteurs touchés par les dégâts de grands gibiers. « Les chasseurs ne doivent plus payer seuls », prévient-il devant le préfet.