Par

Augustin Delaporte

Publié le

7 sept. 2025 à 6h44

« La seule météo qui nous empêche de jouer, c’est l’orage, à cause de la foudre. Parce que les clubs sont conducteurs », lâche Guillaume Diakhite en enfilant à la hâte une veste imperméable orange par-dessus son t-shirt noir floqué « Paris Street Golf ». Ce ne sont pas, à l’évidence, les pluies diluviennes de ce 29 d’août 2025 qui vont le stopper. « Sympa pour la fin de l’hiver… Euh, de l’été ! Le lapsus… », s’amuse-t-il en traînant un ancien chariot de La Poste transformé en caddie de golf, juste en face du diner américain, Bob’s Bake Shop, dans le quartier de La Chapelle, à Paris (18e). Considérant un banc public rouge à l’abri des précipitations, il pioche dans un sac en plastique une capsule d’une célèbre bière belge d’Abbaye. Celle-ci fera office de tee dans un court instant. Puis jette un dernier regard autour de lui. Parfait, le terrain est dégagé. La partie peut commencer.

Transformer son environnement en jeu

« Pour jouer, dans l’idéal, il faut un espace large, sans passants et avec des cibles potentielles. Cela peut être un arbre, une plaque d’égout, un abribus, etc. On va soit essayer de venir les toucher, soit, comme dans avec l’exemple de la poubelle, de mettre la balle dedans. Si on y parvient, cela offre un bonus », plante celui qui a monté l’association Paris Street Golf il y a un peu moins de quinze ans, en compagnie de David Lardier Lionel Beroujon.

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Club chiné sur Leboncoin et Paris comme terrain de jeu : bienvenue dans l’univers du golf urbain. #golf #sport #paris

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D’entrée, le postulat est différent de celui du golf traditionnel. On ne déforme pas le terrain pour le faire cadrer avec ce que l’on avait imaginé, mais l’adaptation à l’environnement est la règle d’or.

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Un tee « désaltérant ». (©AD / actu Paris)

« Dans Paris, il y a une quinzaine de spots bien identifiés. Vers la BNF, par exemple, c’est cool. Notamment le week-end. Il y a beaucoup de bureaux là-bas, donc la semaine, il y a souvent trop de passages. Un quartier peut aussi totalement changer avec des travaux ou des aménagements. Autrefois, les quais de Seine étaient intéressants, mais ça n’est plus le cas depuis qu’ils sont ouverts… Globalement, tout le monde peut trouver un bon spot », poursuit le Parisien de 39 ans.

Du bon son dans le chariot, une glacière et c’est parti…

C’est justement l’universalité de la pratique qui l’a séduit au début des années 2010. « Contrairement à l’image élitiste du golf traditionnel, le golf urbain tu peux y jouer avec un caissier, une femme de ménage, un cadre, etc. Il n’y a pas d’étiquette. On peut démarrer vers 10 ans, en étant bien encadré, et en faire jusqu’à 90 ans, ou enceinte. On met de la musique dans le chariot, on prend quelques boissons dans la glacière et c’est parti », illustre-t-il.

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Ancien golfeur, il valorise aussi le fait de pouvoir pratiquer son sport en bas de chez lui : « Pour faire du golf, avant, je devais prendre le train. Maintenant, je sors, je pose la balle et je peux jouer. C’est déterminant pour moi. » Même si, dans les faits, l’engouement croissant pour la discipline a sensiblement changé les règles.

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Sans polo, ni pull noué autour du cou. (©AD / actu Paris)

« Les premières années, on pratiquait dans une forme d’illégalité. Mais désormais, comme entre les joueurs et les accompagnants on peut parfois flirter avec les cent personnes sur une session, on demande des autorisations aux mairies en amont », retrace-t-il. Et d’ajouter : « Si tu te balades avec un club de golf à la main, c’est considéré comme une arme blanche. Mais si c’est dans un chariot… Aucune loi ne stipule que c’est interdit. Bien sûr, on fait très attention aux passants, qu’on laisse passer, etc. »

Il y a quelques années en arrière, une bévue aurait pu tout de même mal tourner. Il raconte : « Lors d’une compétition dans le 13e, une balle a atterri dans un couffin et la personne à qui ça appartenait a appelé la police. Il a fallu discuter, mais ça s’est finalement arrangé à l’amiable. »

« Il n’y a pas de marge d’erreur »

Au-delà de l’aspect insolite, la pratique demande également un vrai savoir-faire. « Au golf traditionnel, le club tape dans le sol, creuse la terre, pour passer sous la balle. Mais là, il faut viser entre la balle et le bitume. Il n’y a pas de marge d’erreur, c’est beaucoup plus technique, détaille Guillaume Diakhite. C’est aussi plus facile d’arrêter la balle sur un green. Sur le bitume, il faut davantage anticiper, évaluer la distance, parce que la balle va rouler vite. Et puis il faut s’adapter au mobilier urbain, ou au type de bitume : lisse, granuleux, etc. »

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Combien de coups pour la mettre dans le chariot ? (©AD / actu Paris)

Des skills que le Paris Street Golf va dispenser à ceux qui veulent s’essayer à la pratique à la rentrée 2025. « On va organiser une session par mois à Paris, limitée à 20 personnes. Je mettrais le lieu, l’heure et mon numéro de téléphone sur Facebook », précise le cofondateur du PSG.

Une initiation gratuite et ouverte à tous. « Pour ceux pour qui ça sera une première, on prêtera les clubs et les balles. Ensuite, pour les prochaines, il faudra juste acheter des balles », complète-t-il. Et si vous souhaitez vous équipez d’un club personnel, ne faites pas de folies : « On frappe le sol, donc il ne vaut mieux pas qu’il soit neuf. D’autant que sur Leboncoin, on peut en trouver pour trois, quatre euros », rappelle-t-il.

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