Selon le Guardian, le ministère britannique de l’Intérieur s’apprête à lancer une offensive inédite contre les étudiants étrangers qui prolongent illégalement leur séjour. Quelque 130 000 personnes – étudiants et familles – recevront pour la première fois un message officiel leur enjoignant de quitter le pays s’ils n’ont plus de droit au séjour. Cette initiative intervient alors que Londres dénonce une hausse jugée “alarmante” des demandes d’asile émanant d’expatriés venus initialement avec un visa étudiant.
Le texte envoyé aux concernés illustre la fermeté du gouvernement : “Si vous soumettez une demande d’asile sans fondement, elle sera rapidement et vigoureusement refusée. Toute demande de soutien sera évaluée selon des critères de dénuement. Si vous ne remplissez pas ces critères, vous ne recevrez aucun soutien. Si vous n’avez pas le droit légal de rester au Royaume-Uni, vous devez partir. Si vous ne partez pas, nous vous expulserons.”
Premier contingent de demandeurs d’asile
En 2024, près de 16 000 étudiants ont demandé l’asile à l’expiration de leur visa, soit près de six fois plus qu’en 2020. Selon les chiffres officiels, ils représentent aujourd’hui le premier contingent de demandeurs d’asile parmi les titulaires de visas. Si certains dossiers sont fondés, les ministres soupçonnent une dérive stratégique : utiliser l’asile comme voie de maintien sur le sol britannique. Pour endiguer le phénomène, Londres a déjà réduit le délai de séjour post-diplôme de deux ans à dix-huit mois.
La mesure suscite un tollé dans le monde académique. Jo Grady, secrétaire générale du Syndicat des enseignants et chercheurs, y voit “une attaque contre les étudiants internationaux qui n’a que très peu à voir avec les dépassements de visa et tout à voir avec une tentative d’imiter Reform”. Elle estime que le gouvernement devrait plutôt “faire valoir une Grande-Bretagne accueillante et économiquement forte, dont les étudiants internationaux et un enseignement supérieur de rang mondial sont une partie intégrante.”
Au-delà des chiffres, le message est clair : l’exécutif veut montrer qu’il contrôle non seulement les arrivées par canot sur la Manche, mais aussi les flux plus discrets des expatriés venus légalement.