Détrompez-vous la protagoniste de Pleurer dans les petits pains à hot-dog nommée «Valérie» n’est pas la bédéiste Valérie Boivin… Du moins, pas tout à fait.

«Je voulais vraiment mystifier le lecteur. Je trouvais ça drôle de me faire une vie parallèle! Le plus beau compliment, c’est quand on me demande si j’ai vraiment travaillé dans une compagnie de signets funéraires», rigole d’entrée de jeu Valérie Boivin, en entrevue au Soleil.

Même si elle n’a jamais fait carrière dans les produits commémoratifs, l’illustratrice originaire de Québec a toujours été fascinée par «le petit côté kitsch des souvenirs funéraires». Un domaine où on retrouve bien souvent des paysages et autres symboles un peu réchauffés, qui seront déclinés sur des collants, des lampions, des aimants, des calendriers, etc.

Entre les pages de sa nouvelle bande dessinée, Valérie Boivin campe ainsi son personnage principal chez Mémoire Collection. Employée depuis près de vingt ans dans cette entreprise, elle observe les anciens et nouveaux collègues défiler devant son bureau avec une seule envie: quitter enfin le bureau pour vivre de sa plume.

<em>Pleurer dans les petits pains à hot-dog</em>, Valérie Boivin, 224 pages.

Tout comme sa protagoniste, Valérie Boivin a longtemps eu un emploi alimentaire avant de sauter à pieds joints dans l’illustration. Elle avait envie d’explorer différentes facettes de ce type de travail: lorsque les employés sont interchangeables, seulement de passage «en attendant», etc.

«Moi, j’essayais de partir de cet emploi-là pour devenir artiste à temps plein. C’est la décision la plus difficile que j’ai prise de ma vie. Tu sais que tu dois prendre la décision, mais c’est tellement vertigineux que tu fais juste la repousser», soutient la bédéiste.

Qu’est-ce qui a fait pencher la balance finalement? «Un jour, j’étais malade. Je ne pouvais pas rentrer et on m’a fait sentir que ce n’était pas vrai», raconte Valérie Boivin, qui a par la suite quitté son emploi.

Selon elle, plusieurs personnes vont pouvoir se reconnaître au fil des pages de Pleurer dans les petits pains à hot-dog.

«Je pense que beaucoup de lecteurs vont se reconnaître. Parce que, dans le fond, le livre parle de la décision que tu ne veux pas prendre, mais que tu sais que tu dois prendre. Ça peut être tellement de choses…»

—  Valérie Boivin, auteure

Aujourd’hui l’illustratrice rayonne avec ses bandes dessinées et ses livres jeunesse, assez pour vivre de son art.

«Même si je n’avais pas eu de succès, j’aurais [quitter mon emploi alimentaire] quand même! C’est une nécessité. C’est une question viscérale. Et ça me fait plaisir de dire ça: même si mes livres n’avaient pas eu de succès, je l’aurais fait», lance-t-elle fièrement.

Les hauts et les bas de la vie d’artiste

Puisque son personnage principal aspire elle aussi à devenir bédéiste, Valérie Boivin a profité de Pleurer dans les petits pains hot-dog pour parler de son milieu qu’elle connaît très bien. Car vivre de sa passion ne rime pas forcément avec une vie facile et paisible.

Elle raconte ainsi les sacrifices nécessaires pour créer une bande dessinée ou encore la réalité du milieu. Il est, par exemple, question du temps que nécessite la création d’un livre et les demandes de bourses, mais aussi la façon dont sont distribués les droits d’auteurs.

«Quand les gens achètent un livre québécois, ils n’achètent pas seulement un livre. Ils [financent] également le prochain livre que je vais faire. En achetant ce livre-là, ils me permettent de continuer à en faire», rappelle d’ailleurs à ce sujet Valérie Boivin.

Avec humour, un matériel «super riche» qu’elle aime «exploiter au maximum», elle partage également des anecdotes qui peuvent survenir lors de séances de dédicaces, avec la famille et les amis, etc.

De quoi partager un peu plus son univers avec ses lecteurs.

Pleurer dans les petits pains à hot-dog est offert en librairie.