Par
Ludovic Ameline
Publié le
7 sept. 2025 à 10h09
Cela aurait dû être un après-midi paisible au bord de la mer à Pirou (Manche). Samedi 6 septembre 2025 vers 17 heures, les promeneurs profitaient encore de la douceur sur la cale de Pirou-Plage.
Mais en quelques secondes, le décor s’est transformé en cauchemar : rue Fernand-Desplanques, un véhicule a surgi et a fauché quatre personnes avant de s’immobiliser violemment sur le flanc, en bordure de cale. Inimaginable.
Une tranquillité soudainement brisée
Le fracas de la tôle, les cris de panique puis le silence lourd. Dans ce coin habituellement animé de familles et de vacanciers, la sidération a figé les visages.
Le conducteur aurait été victime d’un malaise brutal, selon les premiers témoignages recueillis.
La voiture a poursuivi sa route pour happer sur son passage un petit groupe de piétons. Sur la chaussée, une femme n’a pas survécu. Les trois autres piétons victimes sont âgés de 48 à 77 ans et le pronostic vital était engagé pour deux d’entre eux. Ils ont été transportés en urgence absolue.
Le conducteur, âgé de 81 ans, n’est que légèrement blessé, a précisé à l’AFP une source proche du dossier. Il en est de même pour sa passagère.
« Je voyais des passants ôter leurs ceinturons pour faire des garrots aux victimes. »
Emmanuelle Morin-Delavenne
Les témoins, sous le choc, se sont immédiatement portés au secours des victimes. Autour de la scène, de nombreux vacanciers et habitants en promenade ont assisté impuissants à l’accident.
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« J’y étais, une horreur, témoigne la Cherbourgeoise Emmanuelle Morin-Delavenne, encore bouleversée. Nous avons entendu de grands booms, puis la voiture accidentée s’est renversée. Je ne savais pas quoi faire. J’allais appeler les secours mais je voyais tous ces gens téléphoner. Nous avons attendu sur la plage. Je voyais des passants ôter leurs ceinturons pour faire des garrots aux victimes. On comprend la gravité de la situation rien qu’à voir ça. Cinq minutes avant, mon petit-fils et moi étions à l’endroit même où le véhicule s’est arrêté. Nous avions hésité à aller acheter une glace. Nous avions préféré aller marcher sur le sable. »
Un choix qui s’est avéré salvateur. « J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps sur la route du retour. On ne revient pas indemne d’un tel choc. »
Un dispositif médical et de secours exceptionnel
Elle n’est pas la seule à évoquer ce climat d’effroi. Certains vacanciers et riverains, incrédules, se tenaient la tête dans les mains. D’autres, au contraire, couraient chercher de l’aide ou appelaient les secours.
La plage, soudainement paralysée, a été envahie par un silence irrégulièrement brisé par le son des sirènes. L’équipage de l’hélicoptère Dragon 50 fut sans doute le premier à arriver rapidement sur la zone.
À l’arrivée des secours, le spectacle était d’une gravité saisissante. Six victimes ont dû être prises en charge : les quatre piétons happés par la voiture et les deux occupants du véhicule. Sur le bitume, chaque geste, chaque minute comptait.
Face à la catastrophe, un dispositif médical et de secours exceptionnel a été déployé : trente-six sapeurs-pompiers issus de sept centres d’incendie et de secours, appuyés par six ambulances, un véhicule de secours routier et une unité infirmière. Trois équipes du Smur ont convergé, accompagnées de trois hélicoptères – Dragon 50, Dragon 76 et Hélismur 61 – pour assurer les évacuations vers différents hôpitaux de la région.
La piste du malaise privilégiée
Rapidement saisi, le parquet de Coutances a confirmé que la piste de l’accident médicalement causé est privilégiée. « Il semblerait que le conducteur du véhicule, équipé d’une boîte automatique, ait été pris d’un malaise. La voiture a poursuivi sa route sur plusieurs mètres avant de percuter un groupe de personnes », a indiqué le procureur de la République, Gauthier Poupeau.
Celui-ci a exclu tout caractère intentionnel.
Alors que les gendarmes de la compagnie de Coutances se penchent désormais sur les circonstances précises, une cellule psychologique a été aussitôt mise en place pour accueillir les témoins les plus choqués. Car face à une telle violence, l’onde de choc dépasse les blessés directs : tout un village de bord de mer est meurtri, vacanciers comme habitants.
En ce samedi de fin d’été, Pirou ne s’attendait pas à basculer dans l’impensable. Les regards éteints et les larmes de certains habitants rappelaient que le drame, lui, laissera une empreinte profonde sur cette plage habituellement gage de quiétude.
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