Par
Rédaction Rennes
Publié le
7 sept. 2025 à 10h32
Pascal, 65 ans, comparaissait jeudi 4 septembre 2025 au tribunal correctionnel de Rennes pour « agression sexuelle par personne abusant de sa fonction » et « harcèlement sexuel » à l’encontre de deux femmes qu’il a accueillies dans son hôtel dans le cadre d’un partenariat conclu « depuis vingt ans avec le 115 ».
« Sidérée »
Une première femme, âgée de 52 ans, avait en effet porté plainte contre lui le 13 juillet 2022 : une quinzaine de jours plus tôt, cette victime de violences conjugales avait obtenu une place d’hébergement d’urgence dans de l’Hôtel du Colombier situé rue Émile-Souvestre, à Rennes.
Rapidement, Pascal avait commencé à lui dire qu’elle était « une belle femme » et qu’elle devait « prendre soin de son corps en ayant des relations sexuelles » : elle s’était retrouvée « sidérée » face à de tels propos. Le gérant s’était d’ailleurs mis à la « tutoyer rapidement » alors qu’elle ne lui avait « jamais parlé de sa vie ».
Trois jours plus tard, alors qu’elle lui demandait de bien vouloir « garder ses valises », il lui avait redit qu’elle devait « avoir besoin de relations sexuelles ». « Je suis là si tu as besoin et tu me plais », avait-il alors explicité, à toutes fins utiles… Devant les enquêteurs, elle expliquera avoir « reculé instinctivement de dégoût » et s’être « enfermée dans sa chambre à clé ».
« Pas la première fois »
La plaignante avait par la suite relaté les faits à une autre femme hébergée, considérée comme « la mama » ; cette dernière lui avait expliqué que ce n’était « pas la première fois » que Pascal faisait « de telles propositions » à ses hôtes…
Ladite « mama » – qui a elle-même subi « une main aux fesses » de la part du gérant de l’hôtel – avait donc dénoncé les faits à un « chargé des violences intra-familiales » au Service Intégré d’Accueil et d’Orientation (SIAO) d’Ille-et-Vilaine, qui s’était empressé de « mettre les victimes à l’abri ».
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Depuis les dénonciations, la structure a « mis fin au partenariat » avec l’hôtel et a signalé les faits au procureur de la République.
Des stratégies pour rester en sécurité
Les femmes hébergées dans ces « 12 chambres » et « trois ou quatre appartements » envahis de « cafards » avaient mis en place des « stratagèmes » pour rester « en sécurité » : elles sortaient « toutes ensemble » pour ne pas subir les assauts du gérant.
La « mama » dira toutefois que certaines d’entre elles avaient pu accepter ses propositions sexuelles en échange de « services », ou parce qu’il les menaçait de les « mettre dehors »… Elles ont toutefois « refusé » de s’exprimer, ou « contesté » les dénonciations opérées par l’une d’entre elles.
Des « relations consensuelles »
Entendu par les policiers, Pascal avait trouvé « un peu fort » le terme d’agression sexuelle : cet homme jamais condamné convenait tout à plus avoir eu « des aventures avec six femmes prises en charge » mais il s’agissait de « relations consensuelles (sic) » et il n’avait « jamais commis » les faits reprochés par les deux plaignantes.
À la barre du tribunal correctionnel de Rennes, il a aussi nié les « propos insistants » qu’on lui prêtait ou encore le fait de « rentrer dans les chambres » pendant que des femmes s’y trouvaient. Il avait même un temps émis l’hypothèse d’un « complot » ourdi contre lui…
Le prévenu a toutefois « a minima reconnu des gestes déplacés et des propos à la volée », a retenu Me Benoit Guillotin, avocat d’une des victimes.
Je ne vois pas pourquoi des femmes qui ont déjà tout perdu viendraient mentir, ni pourquoi on rajoute de la violence à la violence.
Me Benoit Guillotin
Avocat d’une des victimes
Deux ans de prison avec sursis
En conséquence, la procureure de la République avait requis deux ans de prison, dont un ferme, à l’encontre du retraité. Ce quantum restait toutefois aménageable sous la forme d’un bracelet électronique.
Finalement, le tribunal a condamné ce Rennais à deux ans de prison avec sursis et à une interdiction de contacts avec les deux femmes pendant trois ans. Il devra verser 1 000 euros à l’une d’entre elles pour son « préjudice moral ».
CB (PressPepper)
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