LAssociation pour la surveillance des ressources et la protection de l’environnement au Sahara occidental (AREN) a dénoncé la «nouvelle manœuvre flagrante et inacceptable» de la Commission européenne visant à contourner les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) qui avait annulé deux accords de libre-échange sur la pêche et l’agriculture, conclus avec le Maroc en 2019.
Affirmant que la Commission européenne a soumis, en juillet, au Conseil de l’Union européenne une proposition visant à lancer de nouvelles négociations avec le Maroc afin de modifier les accords de 2019, l’association accuse l’exécutif européen de «tentative de contourner la décision de la Cour en créant +un nouveau cadre juridique+ permettant la poursuite du pillage des ressources naturelles du Sahara occidental sous couvert de +respect du droit européen et international».
«L’idée même de modifier l’accord pour maintenir des partenariats commerciaux avec le Maroc incluant le Sahara occidental constitue une violation directe du droit international et européen et ne peut qu’être rejetée», a indiqué cette ONG dans un communiqué publié vendredi. Elle a rappelé, à ce titre, que les arrêts de la haute juridiction européenne ont clairement réaffirmé l’illégalité de tout accord portant sur le territoire et les ressources du Sahara occidental sans le consentement explicite de son unique représentant légitime : le Front Polisario. Selon l’AREN, la «manœuvre» de la Commission européenne vise à «diluer l’arrêt historique de la CJUE, le réduisant à un simple avis, sujet à interprétation ou à négociation, ouvrant ainsi la voie à un retour à l’époque d’avant le 4 octobre 2025, lorsque les ressources du peuple sahraoui étaient pillées au grand jour».
Rejets «catégorique» de tout initiative
L’ONG estime que la Commission européenne «cherche également, de manière scandaleuse, à séparer le peuple sahraoui de son représentant légitime, le Front Polisario, en proposant une aide financière à certains Sahraouis, dans une tentative avortée de légitimer le pillage».
L’association met en garde, par ailleurs, les institutions internationales, les Etats et les multinationales contre toute implication dans la légitimation de l’occupation du Sahara occidental par le Maroc, ou dans l’exploitation de ses ressources naturelles, affirmant que cela «constitue une participation active au crime de pillage des richesses d’un peuple sous occupation». «Tout contrat, accord ou transaction commerciale conclu sans le consentement du seul et légitime représentant du peuple sahraoui, le Front Polisario, sera susceptible d’être contesté devant les tribunaux européens et internationaux», a-t-elle averti.
Réitérant son rejet «catégorique» de toute initiative visant à renouveler les accords commerciaux UE-Maroc incluant le Sahara occidental sans le consentement du Front Polisario, l’AREN a appelé la CJUE à «empêcher toute tentative de contournement ou de manipulation» de ses arrêts rendus en octobre 2024.»Nous tenons l’Union et la Commission européennes, juridiquement et moralement, pour responsables de toute mesure qui légitime l’occupation marocaine et perpétue les souffrances des Sahraouis, confrontés à une répression systématique, à des restrictions de libertés et à des procès politiques», a-t-elle fait savoir. Cette ONG Sahraouie a exhorté, à ce titre, la société civile européenne et les organisations internationales de défense des droits humains à «agir de toute urgence pour dénoncer cette manœuvre auprès de l’opinion publique européenne et internationale».