Par
Rédaction Vernon
Publié le
7 sept. 2025 à 12h02
En 1938, le Reich allemand décide de mener son programme de conquêtes territoriales, certain que la France et la Grande-Bretagne ne feront rien pour l’en empêcher.
Le 12 mars 1938, il annexe l’Autriche et menace la Tchécoslovaquie. Puis, dans une violente campagne de propagande, il réclame la région des Sudètes où vivent trois millions d’Allemands. Devant la nouvelle menace d’une guerre brandie par Adolf Hitler, les gouvernements anglais et français s’inclinent devant le diktat nazi.
Par les Accords de Munich des 29 et 30 septembre 1938, la Tchécoslovaquie cède le territoire des Sudètes à l’Allemagne. Le Reich assure ne plus avoir de revendications territoriales.
Dès lors, le lendemain, le négociateur français Édouard Daladier (1884-1970) est acclamé à l’aérodrome du Bourget, près de Paris, par une foule en liesse qui s’imagine que la paix est sauvée…
Le peuple britannique est également satisfait de cette nouvelle situation géopolitique et en félicite son négociateur, Neville Chamberlain (1869-1940)
Le non-respect des Accords de Munich par le gouvernement allemand
Le 15 mars 1939, Adolf Hitler rompt les engagements pris à Munich. Ses troupes entrent à Prague : la colère, l’amertume et le désespoir envahissent les Praguois. Ils ne peuvent qu’assister en spectateurs impuissants à ce spectacle : la Bohème et la Moravie sont rattachées au Reich. La Tchécoslovaquie n’existe plus !
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Conforté par ses succès diplomatiques et militaire, Hitler ne cache pas son prochain objectif : il exige désormais le droit de pouvoir traverser le « couloir polonais » qui conduit à Danzig (Pologne). Cette fois-ci, l’Angleterre et la France sont décidées à arrêter l’expansion territoriale allemande.
La mobilisation partielle française
Le président du Conseil Édouard Daladier reçoit du Parlement l’autorisation de gouverner par décrets-lois. Le ministre de la Défense nationale et de la Guerre planifie donc deux mobilisations partielles.
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Un décret-loi introduit la possibilité de souscrire, alors que la guerre n’est pas encore déclarée, un « engagement pour la durée d’une éventuelle guerre ou pour un temps déterminé d’une durée d’un mois au moins et résiliable ».
À cet effet, la Gendarmerie nationale est chargée « de faire toute la propagande nécessaire pour intensifier le recrutement des engagés pour le temps de guerre, de façon à pourvoir les formations militaires, notamment les cadres des organes mobilisateurs et des commissions de réquisition ». Ainsi, avant que la guerre éclate, 2 484 000 Français sont sous les drapeaux, sans compter les forces de gendarmerie d’active et de réserve.
L’état d’esprit de la population est morose
L’éclatement de la Tchécoslovaquie, les menaces allemandes sur la Pologne et les revendications italiennes sur la ville de Nice, sur la Corse et sur la Savoie découragent une opinion publique et des hommes politiques qui ont cru que les Accords de Munich avaient mis fin aux exigences des membres du Pacte d’Acier (Allemagne et Italie).
Jean-Paul Lefebvre-Filleau, chroniqueur historique. ©DR
La presse écrite et parlée se fait d’ailleurs l’écho du désarroi populaire : un sondage de l’IFOP indique que 67 % des Français pensent que la guerre est imminente.
L’annonce du Pacte de non-agression germano-soviétique
Staline et Hitler signent secrètement un pacte de non-agression. Édouard Daladier, réveillé dans la nuit du 21 au 22 août 1939 par Georges Bonnet (1889-1973), son ministre des Affaires étrangères, croit à une blague de journalistes ! Hélas, il n’en est rien. Subitement, la France politique et syndicale se met à bouillonner d’indignation.
Les communistes français, qui n’ont pas été mis dans la confidence par leurs camarades soviétiques, sont bouleversés au même titre que leurs concitoyens. Des milliers de militants déchirent leur carte du Parti, en dépit des efforts des cadres qui cherchent à faire croire que Joseph Staline (1878-1953), le Petit Père des peuples, ne peut se tromper dans l’analyse de la situation.
Ce n’est pas l’avis de la Confédération Générale des Travailleurs (CGT) qui s’oppose au pacte germano-soviétique, ainsi que vingt-deux parlementaires communistes (vingt et un députés et un sénateur) sur soixante-quatorze. Certes une minorité… mais importante.
Les conséquences du Pacte de non-agression germano-soviétique
Le 25 août, Édouard Daladier prend des mesures répressives contre le Parti communiste français, considéré par la classe politique dirigeante comme « vendu à Berlin et à Moscou ». Ses réunions et sa presse sont interdites.
D’innombrables organisations populaires officielles, inféodées à ce parti politique, sont dissoutes (Jeunesses communistes, Union populaire arménienne, Association touristique populaire de la région parisienne, Le Sou du soldat, etc.).
Suspectés de prendre leurs ordres à Moscou, des parlementaires sont arrêtés, des maires et des conseillers municipaux suspendus, des diffuseurs de tracts et de mots d’ordre condamnés.
Les dirigeants communistes Jacques Duclos (1896-1975), Gabriel Péri (fusillé par les nazis au Mont Valérien, le 15 décembre 1941), Charles Tillon (1897-1993, futur commandant en chef des francs-tireurs et partisans français) et quelques autres, futurs résistants à l’occupant nazi, parviennent à se cacher.
Grâce à ce pacte de non-agression germano-soviétique, Hitler a désormais les mains libres vers l’Est européen. Le 1er septembre 1939, sans déclaration de guerre, soixante-deux divisions allemandes et trois mille blindés envahissent la Pologne, à partir de la Prusse orientale et de l’Allemagne du Nord, de la Silésie et de la Slovaquie du Sud.
Les gouvernements anglais et français somment le Reich de stopper son invasion. Sans attendre la réponse, la France déclare la guerre à l’Allemagne, le 3 septembre 1939, à 17 heures. Quant à la Grande-Bretagne, elle a devancé la France, de quelques heures, en déclarant la guerre à 11 heures.
L’Union soviétique, à son tour, le 17 du même mois, envahit la Pologne orientale, pas pour la défendre, mais pour se la partager avec l’Allemagne.
Prise entre deux feux considérables, la patrie de Marie Waleska ne peut qu’opposer une résistance héroïque.
Les mesures de mobilisation générale et leurs difficultés
La mobilisation générale française s’étend sur tout le mois de septembre. Tous les services de l’État se consacrent au rassemblement des moyens nécessaires à la sauvegarde de la Nation.
Des milliers d’ordres d’appel sous les drapeaux et de réquisition sont notifiés par les brigades de gendarmerie qui, parallèlement, apposent les affiches concernant la mobilisation en des points prévus à cet effet (mairies et divers lieux publics). S’ajoutent à cela le contrôle des « affectés spéciaux », des véhicules réquisitionnés et la régulation des convois militaires qui montent au front.
À ces difficultés de la mobilisation générale, s’ajoutent celles créées par une frange de la direction du Parti communiste français clandestin qui réagit à la répression étatique dont elle fait l’objet.
Elle pousse ainsi ses militants les plus durs à s’opposer à la guerre contre l’Allemagne. Accentuant et durcissant leur propagande souterraine, ces ultras appellent les soldats à la désobéissance et les ouvriers au sabotage.
Il s’ensuit de nombreuses désertions et de multiples actes de sabotage dans les usines travaillant pour la défense nationale ou requises dans ce but.
La drôle de guerre
La double déclaration de guerre, l’une britannique, l’autre française, n’impressionne pas l’Allemagne nazie qui a engagé la majeure partie de ses troupes dans la campagne de Pologne.
Avant que la Pologne succombe, les faibles troupes allemandes qui se trouvent sur la frontière franco-allemande, reçoivent des instructions très strictes : ne pas franchir la frontière et ne pas provoquer les Français jusqu’à ce que la victoire sur les Polonais soit totale.
Le généralissime Maurice Gamelin (1872-1958) préfère tenir les armées alliées sur la défensive, faisant ainsi le jeu de l’état-major allemand qui dispose du temps nécessaire pour préparer le plan d’invasion de la France, avec une partie des troupes revenues de Pologne. En 1945, Gamelin aura bien du mal à justifier son incompétence…
Son successeur, le général Maxime Weygand (1867-1965) aussi. Le général Charles de Gaulle dira d’eux qu’ils n’avaient pas compris que « le moteur avait introduit la révolution dans les combats ».
Conclusion
Alors que depuis plusieurs mois, sur le front ouest, les belligérants sont loin de la guerre classique, soudainement, à l’aube du 10 mai 1940, les belligérants passent brutalement à la guerre-éclair. La Luftwaffe procède à une attaque massive des aérodromes hollandais, belges et français.
Les aviations belge et néerlandaise sont détruites. Quant à l’armée de l’air française, elle est très éprouvée, pour ne pas dire très diminuée. Ensuite, les corps mécanisés ennemis déclenchent un assaut brutal et cherchent à percer entre Namur et Sedan. Ils touchent la rive droite de la Meuse le 12 mai au soir et la nuit suivante, bousculent les divisions légères de cavalerie et les groupes de reconnaissance de l’armée française. Ils franchissent la Meuse dans la nuit du 12 au 13.
Le 15 les panzerdivisionnen foncent sur tout ce qui s’oppose à leur passage.
Peu à peu le dispositif français craque de toutes parts. La 9e armée est défaite. Dès cette phase de la bataille, tout s’enchaîne. Les forces alliées de Belgique sont encerclées et disloquées.
Après la chute de Dunkerque, le 4 juin, l’adversaire reprend sa progression. L’armée française n’a pratiquement plus d’artillerie et de chars. Le 8 juin, sur la Somme, et le 9, sur l’Aisne, les Français sont battus. Le 10 juin, les Allemands atteignent la Marne. Trop puissant, l’ennemi s’introduit partout. C’est la déroute.
Le 13 juin au soir, le gouvernement français et les grands services de l’État se réfugient à Bordeaux. Le lendemain, les troupes allemandes pénètrent très tôt dans Paris, tandis que d’autres s’enfoncent dans le territoire français.
Le 22 juin un armistice est signé avec l’Allemagne nazie. Quatre jours auparavant, un général quasi inconnu du grand public, a lancé son fameux appel à résister : « À tous les Français, la France a perdu une bataille ! Mais la France n’a pas perdu la guerre ! » La France se relèvera !
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