S’il avait tendance dans ses précédents livres à en rajouter dans un certain éblouissement de lui-même, Emmanuel Carrère signe avec Kolkhoze (un des favoris pour le Goncourt 2025) un texte pudique, grave, documenté, dont on sort ébloui, et totalement conquis. Se mettant totalement à nu, évitant effets de manche et narcissisme exacerbé, il nous fait voyager dans son monde familial avec compassion pour ses proches où transparaissent son amour et son admiration pour sa mère Hélène Carrère d’Encausse. Écrivaine, membre de l’Académie française à partir de 1990, qui occupa le poste de secrétaire perpétuel de l’institution de 1999 à sa mort survenue le 5 août 2023 à Paris.

Née Zourabichvili

C’est par l’hommage rendu par la Nation française à cette femme hors du commun, lors d’une cérémonie le 3 octobre 2023 dans la cour d’honneur des Invalides, en présence d’Emmanuel Macron et des principaux corps constitués, que débute le récit. Pas de grandiloquence ici, mais un regard plein de tendresse d’un fils pour celle qui n’est plus. On pourrait, en se rapprochant des dernières lignes des Mots de Sartre, dire qu’il s’agit ici du portrait compassionnel et néanmoins critique, voire parfois terrifiant…