Au terme d’une édition très politique, la 82e Mostra de Venise a récompensé, samedi 6 septembre, Father Mother Sister Brother de Jim Jarmusch. Le film américain indépendant sur la famille a remporté à la surprise générale le Lion d’or.

Il s’agit d’un triptyque entre le New Jersey, Dublin et Paris, porté par un casting cinq étoiles (Adam Driver, Cate Blanchett, Tom Waits…). Très sobre dans sa mise en scène, ce long-métrage, où silences, gestes et regards comptent souvent plus que les dialogues, se veut une réflexion tendre sur la famille. Une sorte «d’anti-film d’action», s’est amusé son réalisateur de 72 ans.

Lors de cette cérémonie de clôture, marquée par les nombreux gestes et déclarations de solidarité à l’égard de Gaza, le film choc The Voice of Hind Rajab de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania – qui raconte le calvaire d’une fillette palestinienne tuée début 2024 à Gaza – a été récompensé du Lion d’argent, la deuxième récompense la plus prestigieuse.

Ovationné pendant 23 minutes, The Voice of Hind Rajab a bouleversé les festivaliers. Sa réalisatrice s’est appuyée sur les véritables enregistrements des appels au secours d’une fillette palestinienne qui avaient suscité une vive émotion au moment de leur révélation. Hind Rajab a été retrouvée morte à l’intérieur d’une voiture criblée de balles dans la ville de Gaza, plusieurs jours après avoir passé des heures au téléphone, le 29 janvier 2024, avec le Croissant-Rouge palestinien.

«Le cinéma ne peut pas ramener Hind et effacer les atrocités commises contre elle», a réagi Kaouther Ben Hania, accueillie par une standing ovation, en recevant son prix. Mais «le cinéma peut préserver sa voix […] car son histoire n’est pas que la sienne. C’est celle tragique de tout un peuple, un peuple souffrant d’un génocide infligé par un gouvernement israélien criminel qui agit avec impunité», a-t-elle insisté.

Le festival a également désigné meilleur réalisateur l’Américain Benny Safdie, qui a offert un rôle en or à Dwayne Johnson, alias The Rock, dans The Smashing Machine, sur un combattant de MMA en proie à des addictions.

La Chinoise Xin Zhilei a reçu la coupe Volpi de la meilleure actrice pour sa performance de femme tourmentée lorsque reparaît un ancien amant, dans The sun rises on us all de Cai Shangjun.

L’acteur italien Toni Servillo est reparti avec la coupe Volpi du meilleur acteur pour son rôle de président veuf en fin de mandat rattrapé par des dilemmes moraux dans La Grazia, de Paolo Sorrentino.

Le film A pied d’œuvre de Valérie Donzelli, sur un photographe quittant tout pour devenir écrivain, a été primé, remportant le prix du meilleur scénario.

Sotto le nuvole de Gianfranco Rosi remporte le Prix spécial du jury, tandis que le prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir a été décerné à Luna Wedler dans Silent friend d’Ildikó Enyedi.