Invité du conseiller régional Christophe Madrolle et du conseiller municipal Fabien Perez, fondateurs du think tank « Écologie des solutions », Daniel Cohn-Bendit sera ce lundi 21 avril au soir à Marseille. L’occasion de refaire le parcours d’une vie qui, des barricades de Mai 68 au Parlement européen et à la mairie de Francfort, a vu « Dany le rouge » devenir « Dany le Vert », mais jamais « Dany le sage ». Libéral-libertaire revendiqué, l’auteur de Souvenirs d’un apatride (Ed. Mialet-Barrault) essaie de faire le tri, de garder le fil d’une « pensée fluide » et d’apprendre de ses erreurs pour analyser l’actualité.

Aviez-vous vraiment besoin d’écrire un livre pour faire le point ?

À partir d’un certain âge, on rassemble ses souvenirs et on fait le tri. Je n’étais pas obligé de le faire, mais j’avais envie de récapituler ce que je pensais, ce que j’avais vécu, comment et pourquoi j’avais évolué. Et ce qui s’est passé le 7 octobre 2023 en Israël a accentué ma réflexion sur mes différentes identités : Français sans l’être complètement, écologiste sans l’être toujours, juif sans l’être toujours. J’avais besoin de clarifier ce qui se passait dans ma tête.

Y êtes-vous parvenu ?

Oui, j’arrive à décrire ce que je suis. Après le 7 octobre, j’ai eu une réaction essentiellement juive, mais ce n’est pas toujours le cas. Je ne vais pas à la synagogue, je ne suis pas lié à la religion, mais mon histoire liée à la Shoah a été actualisée par ce 7 octobre. Puis il y a un sens des responsabilités politiques à l’égard de la politique du gouvernement israélien dans les territoires occupés et Gaza. On ne peut pas ne pas critiquer ce gouvernement. On doit choisir entre Israël et Netanyahu comme entre la Palestine et le Hamas. Si on arrivait à comprendre cela, on devrait manifester avec les deux drapeaux en même temps. La possibilité de l’État palestinien dépend aussi de la sécurité d’Israël. Je suis a-sioniste, je ne suis pas contre, ni pour. Je comprends qu’après la Shoah et les pogroms, des Juifs aient eu envie de leur État. Mais on ne peut se satisfaire de cela.

La solution à deux États prônée par Emmanuel Macron vous paraît-elle la moins mauvaise ?

Ce n’est jamais le moment, si on attend. La proposition de Macron signifie un accord sur la reconnaissance d’un État palestinien qui reconnaîtrait lui-même l’État d’Israël et son besoin de s’appuyer sur les frontières de 1968. Ça paraît utopique, mais quand De Gaulle a fait son appel le 18 juin 1940, cela le semblait aussi et ça a tenu. Yitzhak Rabin a failli y parvenir, mais c’est l’extrême droite israélienne qui l’a assassiné. Cette idée peut sembler naïve, mais c’est la seule solution possible. On peut même imaginer une Union du Moyen-Orient comme il y a l’Union européenne aujourd’hui. Le leitmotiv de mon livre est l’imagination au pouvoir.