Trois festivals émergents animent Montpellier et sa périphérie en septembre malgré un secteur culturel en crise. Le Not Today Festival vit sa première édition, tandis que le Sunday Music Festival et l’Enjooy Festival reviennent après avoir rassemblé plusieurs milliers de spectateurs en 2023. Une dynamique portée par des formats plus accessibles et intergénérationnels, dans un contexte où l’équilibre économique reste fragile pour les organisateurs.

Malgré un monde de la culture en grosse difficulté, trois festivals auront lieu en septembre à Montpellier et dans sa périphérie. Leur point commun : leur nouveauté. En effet, le Not today festival se lance cette année tandis que le Sunday music festival et l’Enjooy festival en sont à leur deuxième édition. Ces deux derniers ont d’ailleurs réussi leur première l’an dernier en réunissant chacun plusieurs milliers de personnes. À l’instar du Rose festival à Toulouse qui a affiché complet tout le week-end dernier, des nouveaux venus font un carton dès leurs premières éditions. Malgré une certaine complexité…

« Le monde des festivals est super compliqué. 70 % des festivals remplis à 90 % de leur jauge ou plus sont déficitaires en 2024. Même sur du sold out (complet, NDLR), les festivals n’arrivent pas à rentabiliser », nous prévient d’entrée Mathis Bouloc, fondateur du Sunday Music Festival. Pour Franck Tollari, directeur de production du Not today festival, « l’économie est de plus en plus compliquée parce que les gens s’y prennent au dernier moment pour une question de météo ou de finance. »

« Il faut proposer des tarifs bas »

Alors comment expliquer une certaine réussite de ces nouveaux évènements ? Pour Lucas Illy, organisateur du Enjooy Festival, ces évènements ne doivent plus concentrer seulement de la musique. « Le festival doit être fait pour toucher tout le monde. Il doit être très hétéroclite et très intergénérationnel, il faut vraiment que chacun puisse passer un bon moment », insiste-t-il. « Il faut toucher tout le monde, que ce soit par une fête foraine, des activités ou les food-trucks, on ne parle plus seulement musique. »

L’important est de fidéliser la clientèle estime Mathis Bouloc. « La force réside dans le fait que les gens ont confiance en la marque, plus que dans les artistes. C’est un objectif de toujours surprendre avec de nouvelles choses. »

Sans oublier la dictature des prix proposés. « Pour réussir dans le monde de la culture, il faut proposer des tarifs bas. Un festival à 50 euros, c’est un investissement. Nous, on propose des prix à 20-25 euros pour que les gens ne choisissent pas entre deux choses », assure Lucas Illy.

Le pouvoir est maintenant dans les mains des festivaliers pour Franck Tollari. « Ce sont eux qui font la vie du festival. S’ils ne viennent pas, il n’y aura plus de festival. Ils peuvent se plaindre du manque de culture et de festivals à Montpellier mais ce sont eux qui donnent cette dynamique. » Le message est passé, le public est faiseur de roi.

Un cimetière de festivals bien rempli

Ces dernières années, Montpellier a vu disparaître plusieurs évènements musicaux de renom. À commencer par le Palmarosa, qui a lieu habituellement sur cette période de l’année. « Nous avons toujours défendu l’idée d’un modèle indépendant mais en 2025, force est de constater que ce n’est plus viable pour un festival tel que Palmarosa, indépendant et non-subventionné. Avec l’inflation, maintenir un prix de billet abordable nécessite que les partenariats publics et privés couvrent un tiers du budget global du festival. Malgré trois ans d’effort, cet équilibre n’a pas pu être atteint », avaient écrit les organisateurs dans un communiqué annonçant la fin du rendez-vous.

Ce chemin a également été pris par I love techno et le Montpellier Blues Festival. Celui-ci avait dénoncé « les coûts de production très élevés pour maintenir cet événement dans un lieu aussi prestigieux et emblématique. »