Le collectif des victimes répond à François Bayrou. Alors que le Premier ministre évoquait samedi un épisode « difficile » pour lui et « dégueulasse » pour sa famille, Alain Esquerre a rappelé que ses « promesses » n’avaient débouché sur « rien ».
« Il est surtout dégueulasse que, malgré les engagements pris, rien n’ait été fait », affirme le porte-parole du collectif des victimes dans un communiqué. François Bayrou a été accusé, notamment par la gauche, d’avoir menti sur sa connaissance des violences et agressions sexuelles perpétrées pendant plusieurs décennies à Notre-Dame-de-Bétharram.
Plusieurs de ses enfants ont été scolarisés dans cet établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques, et son épouse y a enseigné le catéchisme. Les deux rapporteurs de la commission d’enquête parlementaire ont pointé un « défaut d’action » de sa part quand il était ministre de l’Éducation nationale dans les années 1990.
« Un combat vraiment très dur »
Le Premier ministre a critiqué un « tribunal politique » samedi dans l’émission C à vous. « Ça a été un combat vraiment très dur. Et pour ma famille, ça a été dégueulasse », a-t-il dit. « C’est la seule chose difficile que j’ai vécue pendant ces neuf mois » à Matignon, a-t-il assuré.
Face à l’affaire, le gouvernement avait annoncé un plan de lutte contre les violences au sein des établissements privés sous contrat et un renforcement des contrôles. Mais les victimes, qui avaient rencontré le Premier ministre en février, estiment que ses promesses sont restées « lettre morte ».
Les victimes « toujours en attente »
Le collectif déplore qu’un fonds d’indemnisation n’ait « jamais été créé » et que le « conseil des victimes » évoqué lors de l’audition parlementaire de François Bayrou n’ait fait l’objet « d’aucun début de mise en place ». Quant au plan gouvernemental, le collectif juge qu’il doit « encore être évalué pour en mesurer l’efficacité ».
« Alors que (François Bayrou) insiste sur les souffrances vécues par sa famille, le collectif rappelle que la véritable urgence reste celle des victimes, toujours en attente de reconnaissance, de réparation et de soutien psychologique », peut-on lire dans le communiqué.
À fin juillet, 217 plaintes pénales ont été recensées par le collectif de victimes de Bétharram, dont une centaine portent sur des faits à caractère sexuel.