L’arrivée de la nouvelle création artistique « Buena Vista Social Code » n’est pas passée inaperçue pour son inauguration. L’œuvre, un disque de miroirs de 2 mètres de haut portant des sigles sur sa tranche, s’est frayé un chemin parmi le public présent à l’occasion de la fête des associations. À la manœuvre pour la faire rouler et la diriger, ses trois créateurs : Richard Louvet, artiste visuel rennais, Bouchaib Rizqui, habitant engagé dans le quartier du Blosne et Nicolas Boucher, conseiller municipal (MoDem) de la Ville de Rennes et élu métropolitain. Les trois hommes, qui ne se connaissaient pas, se sont réunis à l’occasion du projet Résidence secondaire proposé par l’association l’Âge de la tortue. Une démarche artistique dont le principe est de réunir trois participants un artiste, un habitant du quartier et un élu. Le trio qui est resté cinq jours en immersion au Blosne a dû réfléchir à la création d’une œuvre autour d’une thématique définie, cette année : Les codes sociaux.
« On était comme un Triskell »
Une cohabitation qui s’est déroulée dans un appartement du quartier en avril dernier, et que chacun salut comme une « expérience enrichissante ». « Ça m’a rappelé mes années étudiantes où l’on vivait en coloc » explique Nicolas Boucher : « Nous sommes restés 5 jours dans un appartement. C’est du non-stop. Dès le matin on échangeait au petit déjeuner autour du thème de nos pistes de réflexions sur l’œuvre. Et comme cela jusqu’au soir. La réflexion a été difficile. On a passé déjà trois jours à définir ce que sont les codes sociaux. Avant d’aboutir au résultat de l’œuvre finale, on a eu une trentaine d’autres idées différentes qui ne convenait pas à tous. Chacun a apporté sa pierre à l’édifice. On était comme un Triskell. J’ai trouvé cela humainement très intéressant ». Une complémentarité entre les participants que souligne aussi Bouchaib Rizqui : « J’ai rapidement accepté de participer à cette expérience. Au début on appréhende un peu la rencontre. Puis une fois que l’on y est, que l’on partage les repas, les discussions ça devient un peu comme une famille, les choses se font naturellement. Je n’avais jamais côtoyé d’artiste ou de personne faisant de la politique. Il y a eu une bonne entente. Cela a été une bonne expérience ». Même engouement pour Richard Louvet : « C’est d’abord une rencontre entre trois personnes qui viennent de milieux différents. C’est un peu l’enjeu de cette thématique : découvrir ce qui nous rassemble malgré nos différences. On a appris à se connaître pour arriver à se mettre d’accord autour de la création d’une œuvre. Vivre et réfléchir ensemble, c’est aussi essayer de comprendre comment fonctionne l’autre. C’est très enrichissant ».
L’œuvre intitulée « Buena Vista Social Code » est un disque de deux mètres de haut portant un miroir sur chacune de ses faces et des sigles sur sa tranche. (Le Télégramme/Erwan Miloux)Déambulation dans le quartier
Le vrai challenge pour eux était ainsi de « trouver l’œuvre qui pouvait refléter les codes sociaux » comme le note Nicolas Boucher. Le choix des trois participants s’est finalement arrêté sur un disque de deux mètres de haut portant un miroir sur chacune de ses faces, une création intitulée : « Buena Vista Social Code ». Il aura fallu trois mois à l’artiste pour la finaliser. « Les codes sociaux nous différencient et nous rapprochent. Cela fait 45 ans que j’habite le Blosne que j’ai vu évoluer. Aujourd’hui par exemple on y parle presque 70 langues ce qui veut dire que les codes sociaux s’y croisent » commente Bouchaib Rizqui. Et l’objet artistique a été le prétexte de pouvoir en parler à travers une déambulation de 3 heures au cours de l’après-midi dans le quartier. « L’idée était de ne pas être réducteur sur ce sujet comme à travers la photo mais de refléter toutes les réalités avec ce miroir. J’ai choisi de faire également une performance avec mes colocataires. Faire rouler cet objet presque absurde, cet immense disque, pour aller à la rencontre des habitants afin de discuter avec eux autour des codes sociaux et d’évoquer à travers cela de la diversité, la richesse des différences et engager le dialogue ».
C’est ainsi la septième résidence artistique qui se tient dans le quartier du Blosne. D’ici 2027, huit autres devraient avoir lieu dans les différents départements bretons. L’inauguration de la prochaine œuvre « Les oubliés de l’impasse » se déroulera, mercredi 10 septembre, dans le quartier de Pen ar Ru, à Lannion.