Que fera Emmanuel Macron lundi, en début de soirée, quand François Bayrou lui remettra sa démission, s’il est renversé à l’Assemblée nationale – comme c’est hautement probable ? Le chef de l’État aura alors perdu son fusible, rôle de tous les chefs de gouvernement. Après Élisabeth Borne, Gabriel Attal, Michel Barnier, François Bayrou est le quatrième Premier ministre en moins de deux ans.

Qui sera le cinquième du second quinquennat et le troisième depuis la dissolution de juin 2024 ? À ceux qu’il consulte, Emmanuel Macron, qui exclut de dissoudre, dit vouloir aller vite, ce qui n’est pas son habitude. Même démissionnaire le gouvernement de François Bayrou peut s’occuper des affaires courantes, au moins jusqu’à la journée « bloquons tout » du 10 septembre.

Cohabitation de gauche ?

Et ensuite ? Le parti socialiste a fait acte de candidature. Fort du budget alternatif qu’il a proposé fin août, le parti d’Olivier Faure veut gouverner, sans la France insoumise et avec la bienveillance du bloc central. « Une cohabitation de gauche », détaille le premier secrétaire du PS. Bien qu’Emmanuel Macron ait tenu la main à la gauche en demandant aux ministres de travailler avec le PS, personne ne croit à l’hypothèse d’un ministre PS qui suspendrait la réforme des retraites, pas même les concernés.

Bruno Retailleau lors de la rentrée de son parti, a confirmé que les Républicains ne travailleraient pas avec la gauche. « Hors de questions », a-t-il dit, péremptoire. Lui se verrait bien continuer place Beauvau, avec un premier ministre issu de la droite et du centre droit. « Il a besoin de rester au gouvernement, au moins jusqu’aux municipales dans l’optique de 2027, pour être visible », glisse un de ses soutiens, pointant que Gabriel Attal « a disparu ».

Retour du bloc central ?

Ce dimanche Bruno Retailleau et Marine Le Pen ont tenu des discours très offensifs, lançant des pistes programmatiques dans l’atmosphère. « Nous ne sommes pas macronistes », a insisté Bruno Retailleau. « La crise a été provoquée et alimentée par Emmanuel Macron », a attaqué Marine Le Pen. Ces deux candidats potentiels pour 2027, tout comme Jean-Luc Mélenchon, vont cibler de plus en plus le chef de l’État, affaibli par la situation politique incertaine et par les appels à la démission de la France insoumise et de certaines personnalités de droite.

Emmanuel Macron aura donc besoin d’un Premier ministre qui défend en partie son bilan et la politique de l’offre qu’il déploie depuis 2017.

Sébastien Lecornu (Armées), Catherine Vautrin (Travail et Santé), Gérald Darmanin (Justice) pour le centre droit, Eric Lombard (Économie) et Roland Lescure (vice-président de l’Assemblée) et le retour de Jean-Yves Le Drian (pour le centre gauche), font partie des noms cités. Mais Emmanuel Macron ne déteste pas surprendre.