À Clohars-Carnoët, le centre d’interprétation « Gauguin, l’atelier du Pouldu » a pu s’inspirer des photographies d’Otto Seligmann (1862-1928), pour planter le décor dans lequel ont évolué les artistes du XIXe siècle au Pouldu, grâce à un don de la descendante du peintre, invitée par la municipalité, jeudi 4 septembre 2025, à visiter le site.

« On voyait presque les tableaux de Gauguin ou de Sérusier prendre vie »

« Ami des peintres Beaufrère et Filiger, Otto Seligmann, qui a vécu 20 ans au Pouldu, peignait d’après des photos. Il a photographié les goémoniers, comme ils l’ont rarement été, mais aussi le ramassage des pommes, les battages, etc. En consultant ces photos pour la première fois, on voyait presque les tableaux de Gauguin ou de Sérusier prendre vie », se souvient Maud Naour, responsable de la structure. Aujourd’hui, Seligmann est présent dans presque toutes les salles du centre d’interprétation et ses photos se fondent avec les tableaux de célèbres peintres. Au nombre de 246, elles ont été offertes au fil des années par Yvonne Seligmann, petite fille d’Otto Seligmann, avec 117 aquarelles de l’artiste, des travaux préparatoires, 40 plaques de gravures, ainsi que 40 cyanotypes qui viennent enrichir le fond de trois tableaux déjà acquis par la Ville.

Yvonne Seligmann, Maud Naour et Jacques Juloux, ici devant l’une des photographies d’Otto Seligman, projetée en grand dans une des salles.Yvonne Seligmann, Maud Naour et Jacques Juloux, ici devant l’une des photographies d’Otto Seligman, projetée en grand dans une des salles.Un trésor familial longtemps resté caché

Cet héritage est pourtant longtemps resté au fond des placards familiaux, comme le racontait Yvonne. « Ma mère, veuve de guerre en charge de famille, n’avait pas le temps de s’en préoccuper ». Il aura fallu un voyage en Allemagne dans le village natal de Seligmann en 1972, pour qu’Yvonne commence à se poser des questions sur cet aïeul artiste et qu’elle exhume le précieux héritage. Après s’être adressée à André Cariou, directeur du Musée des Beaux-Arts de Quimper, où avait vécu Otto, et à la restauratrice d’art Anne-Marie Le Bayon « qui y a tout de suite trouvé de l’intérêt », la Rouennaise s’est naturellement orientée vers Clohars-Carnoët pour valoriser les œuvres jusque-là restées cachées. Les premières expositions de photos et tableaux montées en 2019 ont marqué une nouvelle étape dans l’histoire du peintre avec le Pouldu qui s’est définitivement ancrée au centre d’interprétation.