Il y a un an, Lilian Dejean était tué par balle devant la mairie de Grenoble. Abdoul Diallo avait été arrêté deux mois après et avait reconnu les faits. Pour son avocat, en vue du procès, il faut maintenant comprendre la personnalité d’Abdul Diallo et son intention au moment des tirs.
Le 8 septembre 2024, Lilian Dejean, un agent municipal de la ville de Grenoble, était tué par balles en tentant d’empêcher un délit de fuite. L’homme accusé de son meurtre, Abdoul Diallo est incarcéré depuis 11 mois. L’un des avocats de l’accusé, Grégoire De Petiville, a accepté de répondre longuement aux questions d’ICI Isère, même si, pour lui, « il reste beaucoup moins de questions que de réponses dans ce dossier ».
L’accusé a été arrêté au Portugal, plus de deux mois après le meurtre, deux mois de cavale. Mais lors de son arrestation et de sa présentation à un juge d’instruction, il a immédiatement reconnu avoir tiré sur Lilian Dejean. « C’est la première chose qui est quand même assez importante » souligne son avocat, « J’ai rencontré un homme qui est très touché par ce dont il est responsable. Un homme qui, dès le début, a souhaité dire au juge qu’il reconnaissait avoir tué Lilian Dejean et un homme qui en a accepté la conséquence, à savoir son incarcération. C’est-à-dire qu’Abdoul Diallo sait qu’il porte la responsabilité de la mort de Lilian Dejean et les conséquences qui vont avec pour tous les proches de celui-ci ».
« Abdou Diallo doit être condamné justement »
Cet aveu de culpabilité est un premier pas essentiel vers une peine équilibrée et juste veut croire son avocat. Grégoire De Petiville dit craindre la pression politique autour de cette affaire : « la peine n’a pas vocation à répondre aux envies répressives plus ou moins radicales qui ont été exprimées au début de la procédure, mais qui doit répondre à des objectifs extrêmement précis prévus par le code de procédure pénale » rappelle-t-il.
« C’est un dossier qui, pour diverses raisons, a fait beaucoup parler. Dès le 8 septembre, il a fait la une des médias jusqu’à son interpellation. On va d’abord défendre une évidence : la répression qui sera prononcée à l’égard d’Abdul Abdoul Diallo ne doit pas être la réponse à une émotion qui est légitime, ni une réponse à une envie répressive portée par certaines voix politiques qui, elle, est beaucoup moins légitime. […] Monsieur Abdou Diallo doit être condamné justement » insiste-t-il encore.
La question de l’intention du tireur au moment des coups de feu
En prévision du futur procès, l’avocat veut démontrer quelle était l’intention d’Abdoul Diallo au moment où il a tiré sur Lilian Dejean. « Au moment où le juge l’a interrogé, personne n’était capable de dire à quelle distance avait eu lieu le tir. Or, c’est un élément qui est quand même très important pour comprendre l’intention d’Abdul Diallo, lorsqu’il tire » détaille Me De Petiville.
Ce dimanche matin là, Lilian Dejean a été abattu alors qu’il intervient suite à un accident de la route entre deux véhicules boulevard Jean-Pain. Selon le parquet à l’époque, « il aurait cherché à empêcher » le conducteur d’une Audi, Abdoul Diallo, de prendre la fuite alors que ce dernier venait de provoquer l’accident de la circulation, devant l’entrée du Stade des Alpes, en direction de Meylan.
Un an après, l’avocat de l’accusé explique que « les distances [entre les deux hommes NDLR] ne sont pas du tout évaluées pour l’instant. L’intentionnalité, ce n’est pas la même de tirer à un mètre d’une personne ou de tirer à 25, 30 ou 35 mètres ». Il compte donc demander « un déplacement sur les lieux, peut-être une reconstitution ». Sachant que la scène a été filmée et que « sur le parvis du Stade des Alpes, il y a les caméras du tramway et les caméras du stade » mais qu’elles ne permettent pas de voir la scène « sur un plan de face » et « rarement avec les deux ensemble ».
La personnalité de l’accusé
Enfin, Grégoire De Petiville insiste sur la nécessité de mieux comprendre la personnalité de l’accusé. « C’est extrêmement important, car […] évidemment, la question se pose de savoir s’il y a un lien entre sa personnalité, ce qu’il a vécu, ces différents équilibres -psychiatrique, psychologique- et les faits qui lui sont reprochés ». Âgé de 25 ans, Abdoul Dillao a un casier judiciaire très chargé. Incarcéré pour la première fois à l’âge de 15 ans, il compte dix-neuf condamnations à son casier judiciaire, notamment pour violences et trafic de drogue. Au total, il a passé six ans en prison au cours des dix dernières années.
Si son avocat reconnait qu' »un homme est mort en raison du comportement de mon client », il veut aussi que les investigations permettent de « comprendre comment il en est arrivé là », ce que l’instruction, selon lui, n’a pas encore fait. Et de conclure, » je ne pense pas que ce dossier sera terminé dans des conditions qui permettraient un procès avant la fin de l’année 2026″.
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