La scénariste et actrice Florence Longpré touche au cœur avec des fictions sensibles teintée d’onirisme. Elle le confirme dans sa nouvelle série avec son personnage de psychiatre cabossée à découvrir sur Canal+.
Un Prix du public à Séries Mania pour « Empathie » : quel meilleur accueil en France pour la Québécoise Florence Longpré ? photo Laurence Grandbois Bernard/Canal +
Publié le 07 septembre 2025 à 13h00
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Certaines séries portent bien leur nom. Lors du festival Séries Mania, en mars dernier à Lille, la Québécoise Empathie a été accueillie par une salle bouleversée, debout pendant treize minutes. Une réception hors norme, doublée d’un Prix du public, pour ce drame sur une psychiatre endeuillée, engagée après une longue dépression par un hôpital psychiatrique de haute sécurité. « C’est incroyable de se dire qu’on peut se faire autant de bien en partageant nos émotions », sourit sa créatrice et interprète principale, Florence Longpré. Cette Montréalaise de 41 ans s’est imposée grâce à des récits sensibles, qu’elle porte avec une délicatesse à fleur de peau, comme la série Audrey est revenue, où elle joue une jeune femme sortie d’un long coma, récompensé à Canneseries en 2022.
« J’aime placer mes personnages dans un grand moment de déséquilibre », confie-t-elle. Ses héros évoluent aussi légèrement à la marge de la société québécoise, qu’il s’agisse des copines des quartiers défavorisés de M’entends-tu ?, sa première série en 2018 (disponible sur Netflix), où des travailleurs saisonniers du Temps des framboises (2022). « C’est une travailleuse sociale dans l’âme, politisée à sa façon, qui souligne la cruauté de certaines situations », s’enthousiasme Guillaume Lambert, co-créateur de Audrey est revenue. « Je veux juste raconter les histoires extraordinaires de gens ordinaires », précise Florence Longpré, en revendiquant une position d’observatrice.
“Passionnée de la condition humaine”
Pour préparer Empathie, elle a ainsi passé trois ans à échanger avec des psychiatres, des psychologues et des patients, au fil de ce qu’elle appelle « une étude clinique ». Elle s’est aussi nourrie de sa propre expérience d’aide-soignante (elle a travaillé quatre ans en hôpital avant que sa carrière artistique décolle) et du souvenir d’une dépression traversée dans sa jeunesse — « C’était l’enfer, j’avais l’impression que je n’en sortirai jamais ; la série met justement en scène quelqu’un qui s’en remet lentement. » Elle se revendique pourtant moins d’un cinéma social à la Ken Loach que des films de Terrence Malick, « un cinéaste passionné, comme [elle], par la condition humaine ».
Ce goût du romanesque s’exprime notamment dans les séquences oniriques qui ponctuent ses récits. « Elle raconte le côté magnifique de la vie de ses personnages, en s’ancrant dans leur quotidien, puis en pénétrant leurs esprits et leurs rêves », analyse Guillaume Lonergan, réalisateur de la plupart de ses créations. Dans Audrey est revenue, un immense corbeau en pardessus apparaît à son héroïne, symbole de son traumatisme. Dans Empathie, c’est une troupe de danseurs en tutu qui surgit par instants pour exprimer le difficile équilibre existentiel des personnages.
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Florence Longpré s’est fait connaître du grand public québécois en 2015 dans un troisième registre, la comédie, en incarnant une influenceuse maquillage idiote et incompétente dans le programme à sketchs Like-moi ! Ses séries, malgré leurs sujets souvent tragiques, se teintent toujours d’un humour pince-sans-rire mais bienveillant, qui sauve ses personnages de l’abîme qui menace. « Je déteste le cynisme, mais j’aime le sarcasme, explique-t-elle. C’est autant un moyen de rire de soi que de protester contre les injustices. » En mêlant ainsi les genres, Florence Longpré pourrait bien, comme ses compatriotes Monia Chokri et Xavier Dolan, séduire au-delà des frontières québécoises.
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Empathie, lundi à 21h sur Canal+.