Par Le Figaro avec AFP
Le 8 septembre 2025 à 14h20
En 2023, le nombre de nouveaux cancers du foie diagnostiqués en France était estimé à plus de 11 600, dont 75% chez des hommes.
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Les malades issus de milieux défavorisés ont moins accès à des soins de qualité, ce qui engendre un risque de décès plus important.
Moins d’accès aux soins, et un risque de décès plus élevé : en France, les personnes issues de milieux défavorisés sont moins bien prises en charge lorsqu’elles souffrent d’un cancer du foie, montre une étude parue dans la revue spécialisée JHEP Reports et menée par une équipe de l’hôpital Cochin-Port-Royal (AP-HP) associée à l’université Paris Cité, au Centre Inria de Paris et à l’Inserm. Selon ces chercheurs, une prise en charge dans des centres spécialisés permettrait de sauver 800 vies par an.
Les travaux montrent qu’en France des écarts dus à des inégalités sociales persistent, tant dans l’accès aux traitements curatifs (chirurgie, transplantation, ablation) que dans la survie des personnes atteintes d’un cancer du foie « primitif » qui prend naissance directement dans le foie et non dans un autre organe.
Les chercheurs ont analysé des données relatives à 62 351 patients adultes atteints entre 2017 et 2021 d’un cancer du foie « primitif » (qui prend naissance directement dans le foie et non dans un autre organe), troisième cause de décès par cancer dans le monde. Environ la moitié des patients étaient issus de milieux défavorisés, selon quatre critères (chômage, travail manuel, niveau d’éducation, revenus).
Centres experts
Selon l’étude, ces patients ont eu moins souvent accès à des traitements curatifs (chirurgie, transplantation, ablation) et présentent un risque de décès plus élevé, quelle que soit la distance entre leur domicile et le centre de soins ainsi que la densité médicale de leur région. En revanche, lorsqu’ils ont été pris en charge dans des hôpitaux de référence, leurs chances d’accéder à un traitement curatif, de même que leur risque de mortalité, se sont révélées comparables à celles des patients favorisés.
Centraliser la prise en charge dans des centres experts spécialisés permettrait d’augmenter de 25 % l’accès aux traitements efficaces pour les patients défavorisés et de réduire les inégalités, plaident les auteurs de l’étude. Cela permettrait de sauver un peu plus de 800 vies par an, ont calculé les auteurs, qui appellent à une politique de santé publique plus ambitieuse pour réduire les inégalités sociales d’accès aux soins.
Ils jugent aussi urgent d’accentuer les mesures de prévention (lutte contre l’alcool, vaccination contre l’hépatite B, prise en charge des maladies métaboliques), de mieux informer le grand public et de former davantage les professionnels sur ces cancers. En l’absence de mesures de prévention, le nombre de nouveaux cas de cancer du foie pourrait presque doubler d’ici à 2050, selon un récent rapport de la Commission du Lancet sur le carcinome hépatocellulaire (CHC).