Par

Ludovic Ameline

Publié le

8 sept. 2025 à 6h51

Au lendemain du drame qui a endeuillé Pirou-plage (Manche), la stupeur reste palpable. Samedi 6 septembre 2025, en fin d’après-midi, un automobiliste, pris de malaise, a perdu le contrôle de son véhicule lancé à vive allure.

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Le véhicule, à boîte automatique, a parcouru plusieurs centaines de mètres depuis le rond-point en entrée de commune, arrachant au passage plusieurs panneaux de signalisation et du mobilier urbain avant d’achever sa course sur le flanc gauche, stoppé par des poteaux à quelques mètres de la plage.

Le véhicule a heurté les plots avant de s'immobiliser.
Le véhicule a heurté les plots avant de s’immobiliser. ©Ludovic AMELINE

Quelques secondes auparavant, il a percuté la terrasse de la pizzeria Les Embruns, heureusement fermée pour congés.

Dans son élan, le véhicule a fauché un groupe de piétons, d’une même famille.

Le bilan est lourd, deux morts dont une femme de 77 ans, décédée dans la nuit de samedi à dimanche, et deux blessés graves dont le pronostic vital est toujours engagé.

Le conducteur âgé de 81 ans, qui demeure dans la commune, et sa passagère, ne sont que légèrement blessés.

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Une population sous le choc

Dans les rues de Pirou, ce dimanche matin, les conversations tournent toutes autour de l’accident.

Terrasses de cafés, marché dominical, échanges entre voisins : partout, la même émotion, partagée entre tristesse et incompréhension.

« On pense d’abord aux victimes et à leurs familles. C’est terrible », souffle un retraité du bourg.

« On ne réalise pas, cela aurait pu être n’importe qui », commente une commerçante du centre-bourg.

Je n’ai pas dormi de la nuit. Je revois cette voiture passant à vive allure, mordant les trottoirs. Et puis il y a les images des victimes allongées au bout de la rue. Et ces passants leur venant en aide, certains faisant des garrots avec leurs ceintures en attendant l’arrivée des secours. Inimaginable ! 

Aux abords de la pizzeria qui a gardé les stigmates du passage de la voiture folle, l’émotion affleure encore sur les visages des passants venus observer, silencieux, les lieux du drame.

Choqué, Romuald Maudouit, gérant de la pizza Les Embruns, ne cachait pas son émotion au micro de TF1, en regardant les dégâts.

Cela fait drôle d’avoir un corps devant son restaurant. Une chance que la pizzeria ait été fermée. 

Romuald Maudouit, gérant de la pizza Les Embruns

On n’ose imaginer le même accident à l’heure du coup de feu, quand la clientèle est attablée.

« J’ai une amie qui circulait dans le sens opposé. Elle a vu la voiture arriver et taper dans tous les sens, raconte Michèle, une habitante de longue date de Pirou-plage. À l’angle de ma rue, un panneau stop a été complètement éclaté. On ne comprend pas comment il a pu arriver jusqu’à la cale, percutant au passage la véranda. C’est ahurissant qu’il ait pu aller jusque-là et que rien n’ait pu l’arrêter. »

Sur la longue rue Fernand-Desplanques, les automobilistes ne peuvent que constater les dégâts laissés la veille par le véhicule.

Un des panneaux arrachés par la voiture folle.
Un des panneaux arrachés par la voiture folle. ©Ludovic AMELINE

« En arrivant ce matin, la présence de panneaux de signalisation au sol m’a surpris. Je me suis demandé ce qui avait bien pu se passer. C’est un ami qui m’a appris le drame. C’est fou, reconnaît Jean-Jacques, qui a toutefois une pensée pour le conducteur et sa passagère. Il va devoir vivre avec cela. Il devra être accompagné. » Avant de préciser : « J’ai 74 ans, je suis cardiaque. Avoir un malaise au volant, c’est ma hantise. Cela fait réfléchir. »

« Une commune meurtrie »

La maire Noëlle Leforestier a relayé l’ouverture d’une cellule psychologique pour soutenir témoins, riverains et proches des victimes.

Devant la véranda des Embruns, dimanche matin, quelques fleurs ont été déposées, signe de l’émotion collective qui traverse la commune.

Quelques fleurs ont été déposées en signe d'hommage aux victimes.
Quelques fleurs ont été déposées en signe d’hommage aux victimes. ©Ludovic AMELINE

« Nous vivons une tragédie qui marque durablement notre communauté, a confié l’élue locale. Pirou est meurtrie. Beaucoup de gens ont assisté à la scène, ils sont traumatisés. Il faudra du temps pour apaiser les esprits. Nous avons ouvert une cellule psychologique pour tout le monde, c’était indispensable. »

La première magistrate et ses adjoints ont été en contact permanent avec le sous-préfet de Coutances, la gendarmerie, le SDIS, le Smur et la SNSM. Sur le terrain, les pompiers volontaires ont joué un rôle essentiel.

Elle tenait à saluer le courage et le sang-froid des équipes mobilisées.

Parmi eux, un lieutenant et un sergent-chef locaux qui, au-delà des soins et de l’évacuation, ont assuré le « difficile nettoyage » du site.

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