Dire que les motards « n’ont plus que les œufs pour pleurer » pourrait parfaitement résumer l’opération menée partout en France par la Fédération française des motards en colère durant ce week-end de Pâques.
« Un véritable champ de mines »
La FFMC a mobilisé ses adhérents afin de participer à la cinquième édition de son action « Œufs de Pâques pour nids-de-poule », destinée à dénoncer le mauvais état du réseau routier et menée en partenariat avec la Mutuelle des motards ainsi que Moto Magazine.
En Meurthe-et-Moselle, l’action a été ciblée ce samedi 19 avril sur la chaussée particulièrement dégradée de la rue de Laxou, à Villers-lès-Nancy, devant l’entrée du Domaine de l’Asnée. Serge, Jérôme, Pascal, Thierry et Didier, tous des motards expérimentés, ont rempli symboliquement des nids-de-poule avec de la paille, en y déposant des œufs en chocolat et une poule en peluche.
« La rue de Laxou est une rue dans laquelle nous avions déjà mené une action il y a deux ans car l’état de la chaussée y était déplorable », explique Serge Bounaix, secrétaire des antennes de Meurthe-et-Moselle et de Meuse de la FFMC. « Depuis, rien n’a été fait pour améliorer la situation et la dégradation de la chaussée s’est amplifiée, avec des trous partout et des déformations obligeant les deux-roues à circuler au milieu de la rue. C’est un véritable champ de mines ! »
Dans la Métropole du Grand Nancy comme ailleurs, les exemples de chaussées dégradées sont nombreux. Si les motards sont mobilisés, ce n’est pas pour stigmatiser un manque de confort routier mais pour alerter sur les risques engendrés pour les usagers de la route. « La dégradation des routes françaises met en péril la sécurité de tous les usagers », insiste Serge Bounaix, motard depuis cinquante ans. « Avec les infiltrations d’eau et les variations de température, une simple fissure peut rapidement se transformer en nid-de-poule, accentuant les risques d’accident. Les pouvoirs publics doivent investir plus pour le réseau routier, on ne peut pas appliquer les mêmes recettes qu’il y a 40 ans. La tendance, aujourd’hui, c’est le transfert des responsabilités. Pour se dédouaner, les collectivités mettent des panneaux indiquant qu’il y a des trous en formation ou que la chaussée est dégradée pour ne pas engager les travaux nécessaires. L’étude FLAM du Cerema menée en 2021 révèle que l’état des infrastructures intervient pour 30 % dans les accidents mortels. Et les usagers les plus vulnérables sont les conducteurs de deux-roues. »
La France, mauvais élève
Le classement mondial du World economic forum illustre bien la situation décrite par les motards en colère : en huit ans, la France est passée de la première à la dix-huitième place pour la qualité de ses routes. Et en 2021, près de 50 % du réseau routier national non concédé était en mauvais état ou nécessitait un entretien urgent.
« Malgré cela, les investissements dans les infrastructures ne suivent pas », regrette Serge Bounaix. « En 2022, les dépenses publiques pour la route ont chuté de 10, 4 % par rapport à 2012, ne représentant plus que 0, 59 % du PIB contre 1, 1 % il y a vingt ans. »