Alors que l’on apprenait il y a une semaine que Google était déjà visée par une nouvelle sanction de l’UE pour ses pratiques publicitaires, la Commission européenne vient d’infliger une sanction de 2,95 milliards d’euros pour abus de position dominante.
Et si la décision a été saluée par les éditeurs européens, elle a aussi provoqué une réaction virulente de Donald Trump. Le président américain accuse Bruxelles de s’attaquer injustement aux géants de la Silicon Valley et menace de riposter avec de nouveaux droits de douane…
Les pratiques publicitaires de Google dans le viseur ?
L’affaire trouve son origine en 2019 où Google était déjà accusé de favoriser ses propres services de publicité au détriment des concurrents et des annonceurs. Après plusieurs années d’enquête, la Commission européenne a conclu que l’entreprise avait enfreint l’article 102 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, qui interdit l’abus de position dominante.
Concrètement, l’institution reproche au géant californien de contrôler l’ensemble de la chaîne publicitaire, de l’achat à la diffusion des annonces, créant ainsi une distorsion de concurrence. En plus d’avoir sanctionné Google avec une amende de 2,95 milliards d’euros, l’entreprise a 60 jours pour présenter des mesures correctives.
Pour la Commission, il s’agit non seulement d’une sanction financière, mais aussi d’une injonction à réformer en profondeur les pratiques publicitaires de Google. Dans une déclaration relayée par L’Express, Teresa Ribera, vice-présidente de la Commission chargée de la concurrence, a insisté sur la nécessité pour Google de mettre fin à ses « conflits d’intérêts structurels » et prévenu que des mesures plus fortes pourraient être imposées en cas d’échec.
Une réaction immédiate et offensive de Donald Trump
La décision de Bruxelles n’a pas tardé à franchir l’Atlantique. Sur son réseau Truth Social, Donald Trump a dénoncé une sanction « injuste » et accusé l’Union européenne de « s’acharner sur les entreprises américaines« .
Le président américain a menacé de déclencher la « Section 301 », un dispositif datant de 1974 qui permet à Washington d’imposer unilatéralement des droits de douane punitifs en cas de litige commercial. Cette posture surprend d’autant plus que la justice américaine elle-même reproche à Google des pratiques anticoncurrentielles dans le cadre du procès antitrust.
Du côté de Google, la réponse ne s’est pas fait attendre non plus. La firme a annoncé son intention de faire appel devant la Cour de justice de l’UE. « Cette décision nous impose une amende injustifiée et des changements qui nuiront à des milliers d’entreprises européennes », a déclaré Lee-Anne Mulholland, vice-présidente chargée des affaires réglementaires, ce qui indique que l’affaire est encore loin d’être terminée.
Un nouvel épisode dans les tensions transatlantiques…
Cette affaire intervient dans un contexte très délicat, où fin juillet, l’Union européenne et les États-Unis avaient conclu un accord pour limiter les droits de douane à 15% sur les produits européens, après des mois de négociations.
La menace de Donald Trump de porter ces tarifs à 30%, 40% voire davantage, fait craindre une relance des tensions commerciales, avec des secteurs comme l’automobile allemande ou la viticulture française qui seraient potentiellement exposés…