Longtemps présentés comme de simples mangeurs de mammouths, les Néandertaliens dévoilent aujourd’hui une réalité bien plus complexe. Les dernières recherches archéologiques et génétiques prouvent qu’ils avaient une alimentation variée, influencée par leur environnement et peut-être même par des pratiques culturelles.

Squelette humain ancien découvert dans une cavité naturelle, entouré de cristaux brillants, offrant une scène archéologique spectaculaire.Illustration d’une découverte fascinante : un squelette fossilisé repose au milieu d’un écrin naturel de cristaux scintillants – DailyGeekShow.com

Les fouilles prouvent que les Néandertaliens ne mangeaient pas que de la viande

Pendant des décennies, on a décrit les Néandertaliens comme des carnivores brutaux. Cependant, les analyses de plaque dentaire et les restes retrouvés dans les grottes montrent une réalité différente.

Certes, en Belgique, les isotopes stables contenus dans les os révèlent une forte consommation de viande : rhinocéros laineux, moutons sauvages et peut-être même mammouths.

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En revanche, dans le sud de l’Europe, la situation change complètement. Les analyses menées dans la grotte d’El Sidrón, en Espagne, ont révélé presque aucune trace de viande. À la place, les chercheurs ont trouvé des microfossiles de plantes, de l’écorce d’arbre, des champignons et même des mousses.

Vue microscopique d’un fossile néandertalien de 50 000 ans montrant des résidus alimentaires préservés.Des morceaux fossilisés de matières fécales, appelés « coprolithes », brillent sous une lumière bleue en raison de leur forte concentration en phosphate – DailyGeekShow.com

Ainsi, le régime alimentaire des Néandertaliens n’était pas uniforme mais profondément lié aux ressources locales.

Les sites côtiers révèlent que les Néandertaliens mangeaient aussi des fruits de mer

L’image des Néandertaliens change encore plus avec la découverte de sites côtiers comme Gruta da Figueira Brava, au Portugal. Les fouilles y ont mis en évidence des coquillages, des crabes et des moules portant des traces de cuisson au feu.

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Archéologues en plein travail lors de fouilles sur le site néandertalien d’El Salt en Espagne.Les fouilles d’El Salt livrent des indices uniques sur le quotidien et l’alimentation des Néandertaliens – Source Ainara Sistiaga

De plus, des restes de requins, de phoques et même de dauphins indiquent une exploitation avancée des ressources marines.

Ainsi, contrairement aux clichés, certains groupes de Néandertaliens avaient une alimentation proche de celle d’Homo sapiens installé plus tard dans les mêmes régions. Par conséquent, cela prouve qu’ils maîtrisaient le feu, adaptaient leur alimentation aux saisons et développaient des stratégies de subsistance complexes.

Les ossements montrent que certains Néandertaliens ont pratiqué le cannibalisme

Parmi les découvertes les plus troublantes, plusieurs sites en France, en Espagne et en Croatie contiennent des ossements néandertaliens portant des traces de découpe et de fractures.

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— © Costantino Buzi et al. / Quaternary Science Reviews 2024

Ces indices suggèrent des pratiques de cannibalisme. Reste la question : était-ce une simple stratégie de survie en période de famine ou une pratique à valeur rituelle ?

D’un côté, certains chercheurs défendent l’idée d’un comportement opportuniste, lié au manque de nourriture. De l’autre, d’autres spécialistes y voient une forme de rituel social, qui démontre une complexité culturelle insoupçonnée.

Dans les deux cas, ces découvertes cassent le cliché d’un Néandertalien uniquement guidé par l’instinct. Au contraire, elles montrent des êtres capables d’adaptation et de choix symboliques.

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L’étude de la plaque dentaire révèle un régime médicinal et nutritif

L’étude de la plaque dentaire fossilisée a marqué un tournant. Grâce à des techniques de séquençage génétique, des chercheurs ont identifié des traces d’écorce de peuplier, contenant de l’acide salicylique (le principe actif de l’aspirine), ainsi que des restes de Penicillium, un champignon lié aux antibiotiques.

Cela suggère que les Néandertaliens avaient une forme de connaissance empirique des plantes médicinales. En conséquence, leur alimentation ne se limitait pas à survivre : elle reflétait aussi un savoir transmis sur les ressources naturelles.

De plus, la présence de légumineuses, de tubercules et de champignons confirme leur capacité à exploiter des écosystèmes très variés.

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