Par

Marie Lamarque

Publié le

8 sept. 2025 à 20h45

Placé en liquidation judiciaire, le Stade Toulousain Tennis avait été contraint de fermer ses portes en mai 2024, laissant sur le bord du court 1000 licenciés. L’été qui a suivi, une équipe de bénévoles faisait revivre ce lieu sportif de la Ville rose, situé dans l’antre du stade Ernest-Wallon. Une toute nouvelle association est montée : le Stade Toulousain Tennis Padel, avec, à sa tête Jean-Christophe Maurette comme président. « Un nouveau chapitre s’ouvre pour le club », annonçait-elle à Actu Toulouse
Comment la situation du club, berceau de joueurs de classe mondiale, avait-elle pu se dégrader jusqu’à entraîner une cessation de paiement ? La chambre régionale des comptes a dévoilé, ce lundi 8 septembre 2025, son rapport sur la gestion de l’ancienne association du Stade Toulousain Tennis de 2019 à 2024. Son président de l’époque, Marc Tiersonnier, est lourdement pointé du doigt.

« Une gestion peu rigoureuse »

C’est à partir de la saison 2021-2022 que le résultat financier du club devient déficitaire, avant une plus forte dégradation lors de la saison 2023-2024.

La chambre pointe « une gestion peu rigoureuse de l’association » et ce, malgré de très importants soutiens financiers sur la période contrôlée, de près d’un million et demi d’euros, dont 946 000 euros d’aides publiques provenant de collectivités, fédération ou ligue de tennis. 

La faute notamment à des « charges d’exploitation non maîtrisées (frais de personnels, défraiements non encadrés des joueurs) qui ont progressé de + 68 % entre la saison 2019-2020 et la saison 2022-2023 ».

Des subventions détournées

Mais c’est aussi une colossale avance de trésorerie, jamais remboursée, qui a plongé les comptes du club dans le rouge. Une avance de 716 000 euros auprès de deux sociétés détenues par l’association qui géraient notamment les activités de padel.

Différents transferts de trésorerie ont également été réalisés entre l’association et ses deux sociétés « au gré des entrées de recettes et des besoins des deux filiales [mais] au détriment de l’association », relève également la chambre. 

Des subventions, à hauteur de 115 000 euros, versées par la mairie de Toulouse, la région Occitanie et la Fédération française de tennis, ont ainsi été rétrocédées à l’une de ces sociétés sans que les contributeurs s’en aperçoivent. S’estimant « trompée », la mairie de Toulouse avait même expliqué à la chambre vouloir déposer plainte.

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Un grand « manque de transparence »

La chambre fait état d’ »un manque de transparence financière » puisque Marc Tiersonnier, ex-président du club, était aussi, depuis 2021, le dirigeant de ces deux sociétés, « sans qu’un contrôle ne soit exercé ».

Le dirigeant « disposait d’un large pouvoir, non compensé par un contrôle effectif, tant des autres instances de gouvernance que des financeurs. Cette proximité a facilité l’octroi d’avances aux sociétés commerciales au sein desquelles le dirigeant était salarié », explique la chambre.

400 000 euros de salaires bruts pour l’ex-président

Grâce à ce statut, ce dernier a perçu, sur la période contrôlée, « 400 000 euros de salaires bruts« . Et la chambre fait état d’autres avantages financiers dont l’ex-président a pu bénéficier : la location d’un véhicule et le remboursement de ses frais de déplacement à hauteur de plus de 12 000 euros pour la saison 2022-2023 et de près de 6 000 euros pour la saison 2023-2024.

« Les avantages ajoutés à ses salaires constituent une charge de 614 000 euros sur la période allant de 2020-2021 à 2023-2024″, comptabilise la chambre. Et d’ajouter que « ces charges ont pesé lourdement sur la situation financière de l’association ».

Des alertes restées sans suite

Des avantages qui, de plus, n’étaient pas mentionnés lors des assemblées générales. « La rémunération du dirigeant n’a pas été publiée dans les comptes annuels de l’association », ajoute la chambre.

Des alertes répétées avaient été adressées par l’expert-comptable au président du club, « notamment entre les mois de février 2022 et avril 2024, […] mais toutes sont demeurées sans effet », souligne le rapport.

Autant d’éléments qui ont conduit l’association, pourtant connue pour ses bons résultats sportifs et l’organisation de tournois internationaux, à une cession de paiement et à l’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire en 2024.

Infos pratiques
Le rapport complet de la chambre régionale des comptes est à retrouver ici.

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