Contacté, le photographe franco israélien Maël Benoliel affirme se sentir « berné » après que 24 de ses photos ont été utilisées par la mairie de Perpignan et le Collectif du 7 octobre pour une rétrospective sur l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Une contre-exposition, en plein festival Visa pour l’Image, qui a suscité la polémique, pointant une instrumentalisation politique de Louis Aliot.

 

Polémique

C’est la polémique de la première semaine du festival Visa pour l’Image. Une exposition organisée par la mairie, avec le collectif du 7 octobre, présentant des photos des massacres du 7 octobre 2023. Après deux articles de Mediapart et France 3, de jeunes stagiaires de l’ESJ (École Supérieure de Journalisme) de Montpellier présents à Perpignan pendant la semaine de Visa et accueillis à L’Indépendant, ont appelé le photoreporter Maël Benoliel, dont les photos étaient exposées à la mairie. Celui-ci confirme des problèmes dans l’exploitation de ses photos.

Dans un communiqué, la mairie de Perpignan a précisé : « Pour assurer la qualité et la rigueur de cette exposition, la Municipalité a fait appel au Collectif du 7 octobre, chargé de la coordination avec le photoreporter Maël Benoliel. La gestion complète de l’exposition, y compris la rédaction des légendes et les relations avec le photographe, a été encadrée par ce collectif. La référente du collectif du 7 octobre avait engagé des contacts, depuis plus d’un an, avec ce reporter. Celui-ci a donné son accord sur cette opération et a confié à notre référente la gestion de cet événement. ».

 

En parallèle du festival Visa pour l’image, le maire de Perpignan Louis Aliot a commandé une exposition pour combler « l’absence de visibilité des victimes du 7 octobre et des otages et pour mettre en lumière les massacres perpétrés par le Hamas sur le sol israélien », explique-t-il dans un communiqué.

Vivant depuis vingt ans en Israël, Maël Benoliel « ignorait complètement la couleur politique » de la ville catalane avant de donner son accord. « Je connais la maire de Paris mais sinon… « , se justifie le reporter, pigiste pour France Info.

Pour cette expo, il a été contacté via les réseaux sociaux, ajoute-t-il, par un membre du Collectif du 7 octobre afin de créer une exposition présentée comme collective. « J’ai trouvé ça plutôt gratifiant donc j’ai accepté. C’était il y a quelques mois. » Puis plus rien jusqu’à cet été. « Ils m’ont présenté les photos qu’ils aimeraient exposer et ça s’est arrêté là. » Finalement, il découvre via internet qu’il est le seul journaliste à être exposé à l’hôtel de ville de Perpignan.

« Je n’avais pas donné mon accord pour certaines images. Ils sont venus les chercher sur mes réseaux sociaux. Et à aucun moment, on ne m’a précisé que le maire allait inaugurer l’exposition », révèle-t-il. N’ayant pas été invité au vernissage et n’ayant pas pu donner son avis sur les photos, il ne connaît pas tous les clichés exposés. « C’est une exposition qui est censée concerner les massacres du 7 octobre », insiste-t-il. Mais des prises de vue des bombardements iraniens de juin 2025 se sont glissées dans l’exposition.

Ma démarche est avant tout journalistique et artistique.

Autre conséquence directe du manque de communication : les légendes de certaines photos sont incorrectes. Après avoir pu consulter à distance les photos de l’exposition qui lui ont été envoyées, Maël Benoliel, estime que « la majorité des légendes manque d’informations factuelles ou sont erronées. Il y a une photo où l’on voit un corps gisant au sol présenté comme une victime du Hamas, or c’est un terroriste du Hamas. »

Le photojournaliste n’en veut cependant pas au Collectif du 7 octobre qui s’est excusé. Après le temps de la polémique, Maël Benoliel souhaite maintenant que l’exposition circule en France, notamment à Montpellier et Toulouse où le collectif doit l’exposer. « Ma démarche est avant tout journalistique et artistique. Ce serait pas mal que cette exposition se déroule dans une mairie qui n’est pas RN pour rééquilibrer les choses ».